21 octobre 2009

Quel avenir pour Broussais ?


Rappel d’une petite histoire déjà longue

Alors que la mairie de Paris a engagé, en partenariat avec l’AP-HP, une nouvelle étude sur l’aménagement du site de Broussais et une série de réunions publiques et d’ateliers, il est utile de revenir sur la déjà longue histoire des projets envisagés à la suite de la fermeture partielle de l’hôpital en 2000, et d’indiquer les propositions des Verts.

En 2001, l’AP-HP a déjà relocalisé une partie des services présents à Broussais, et a commencé à vendre par morceaux le site. Alors que les sites de Boucicaut et Laënnec font l’objet d’une cession globale à un opérateur, Broussais est victime d’une stratégie différente de l’AP-HP : vente progressive par appartements et utilisation provisoire des locaux disponibles, pour les besoins d’autres hôpitaux parisiens en travaux ou pour des associations intervenant dans le domaine de la santé.

Dès fin 2001, les Verts demandent la réalisation d’une étude d’ensemble, visant à définir les orientations d’aménagement de Broussais, et à répondre aux attentes en matière des riverains et associations, réunis pour une partie d’entre eux dans le Collectif Redessinons Broussais.
Il a malheureusement été décidé d’engager des négociations avec l’AP-HP, sans vision globale, sur le devenir des bâtiments et de travailler au désenclavement du site, par la création d’un réseau de voies publiques. Les atermoiements de l’AP-HP à l’époque ont conduit à des négociations sans fin, dont les conclusions étaient remises en causes d’une fois sur l’autre.

L’installation de la Croix-Rouge en 2004 a contribué à redynamiser le quartier, dans le cadre d’un projet architectural de très grande qualité.

Mais, alors que les idées foisonnaient autour de l’étude sur l’aménagement des voiries d’un côté et de l’autre d’un collectif d’artistes qui s’était monté pour proposer une réutilisation éphémère de la Chaufferie afin de préfigurer un futur espace culturel, les blocages étaient nombreux : mauvaise volonté de l’AP-HP de céder ces terrains à la Ville pour la réalisation d’équipements publics, faible implication de la mairie du 14e pour promouvoir auprès de la mairie de Paris un projet novateur et ambitieux pour la Chaufferie, difficultés sur les modalités du maintien dans les lieux du centre social Didot-Broussais.

NB Le site redessinons-broussais.fr est une source intéressante pour qui veut se plonger dans le dossier. C’est un modèle que la ville de Paris pourrait adopter sur un projet d’aménagement, pour mettre à disposition tous les éléments de réflexion et de débat…


Quelques grands principes d’aménagement

Au gré de cette lente maturation, certains éléments se dessinent quand même sur l’évolution du site. Sont alors fixés quelques grands principes d’aménagement :
- Maintien d’une vocation sociale et sanitaire sur le site
- Préservation maximale du bâti existant et du plan originel du site, dans une logique patrimoniale et de développement durable (moins de démolition, c’est moins de déchets et de béton)
- Aménagement d’une promenade paysagère et artistique, au-dessus de la petite ceinture entre la rue Didot et le jardin des Arbustes
- création d’un espace culturel innovant, ouvert sur le quartier, dans l’ancienne chaufferie ;
- réinstallation sur place du centre social Didot-Broussais.

En 2006-2007, à partir de ces grand principes, un projet de restructuration ces voies et d’incorporation dans le domaine public municipal est élaboré et fait l’objet d’une enquête publique. Le schéma retenu, à la suite de cette consultation publique, est celui d’un désenclavement partiel, privilégiant les modes doux (marche, vélo) et limitant l’accès aux véhicules pour la desserte interne du site, qui ne comporte pas de places de parking en sous-sol. Mais à l’issue de l’enquête publique, le commissaire enquêteur émet un avis défavorable, ce qui remet en cause la démarche.

Fin 2007, début 2008, la Ville et l’AP-HP lance une étude urbaine d’ensemble, visant à relancer une réflexion globale sur le site. Conduite de manière classique, et technique, sans consultation des habitants, elle vise à essayer de mettre d’accord ces deux institutions sur le devenir de ce qui reste à aménager et à céder.


Le projet en 2009

Au terme de cette étude menée par le cabinet AM Environnement, la mairie a souhaité engager une démarche de concertation, qui repose sur une réunion publique, suivie d’une série de 3 ateliers thématiques, puis de deux réunions de restitution, en parallèle d’un questionnaire basé sur des scénarios d’aménagement.

La longue maturation du projet a permis de fixer, avec le temps, quelques fondamentaux, qui ont été portés par les associations et les riverains : espace culturel à la chaufferie, promenade sur la petite ceinture, par exemple. Le collectif Redessinons Broussais a porté depuis plusieurs années, sans beaucoup de moyens, une démarche de participation citoyenne que la Ville aurait dû mener elle-même. Ils ont largement contribué à ces fondamentaux devenus consensuels. Ils ont porté, dans un sens, le débat public. Mais ce n’était pas leur rôle exclusif, ou plutôt, la mairie aurait dû s’y impliquer bien davantage.

A ce stade, Les Verts 14e s’inquiètent pour plusieurs raisons de la suite donnée au projet :
· Sur le déroulement de la concertation, menée en urgence et selon des modalités insuffisantes. Les scénarios élaborés par AM Environnement sont clairement orientés. Il n’y a pas vraiment d’alternative sur le devenir du site. Il s’agit plutôt de faire valider ou évoluer à la marge par la population des projets déjà mis au point, plus que d’une véritable réflexion partagée. La rapidité avec laquelle le processus est mené n’est pas une garantie d’écoute et d’interaction.
· Sur l’absence d’une démarche d’éco-quartier que nous avions porté pendant les élections municipales. C’est la seule garantie d’une approche conciliant enjeux environnementaux, sociaux et urbains. Quid de la production d’énergie renouvelable ? Quel bilan énergétique global ? Quid de la biodiversité ? (Qui sait par exemple que la destruction de la dalle de Broussais pourrait condamner la dernière grande colonie de chauve-souris au sud de Paris ?)
· Un scénario d’ouverture à la circulation du site est privilégiée par la mairie, notamment la liaison entre rue Didot et rue Losserand, alors que sous le mandat précédent, on avait obtenu, en partie à la demande des riverains, un schéma de circulation en « marguerite » qui ne laissait pas passer de transit possible sur le site. Ce principe doit être rappelé et cet engagement tenu.
· Sur le principe de dépassement du plafond des hauteurs (de 36m à 50m). Les Verts ont exprimé leur désaccord sur la réalisation de tours à Paris. Ce quartier est déjà dense. Or, il semblerait que la mairie souhaite la réalisation d’immeubles de grande hauteur, et envisage de dépasser le plafond de hauteur (12 étages actuellement, 18 demain ?).