30 décembre 2009

Tours Vertes : elles ne sont pas à la hauteur !


Retour sur un article très intéressant du numéro de septembre 2009 de Science et Vie, consacré aux tours. Ou comment le « green bashing » s’applique sans grand ménagement à l’architecture, en faisant prendre des vessies pour des lanternes.

Premier constat, à l’occasion de l’inauguration de la tour Granite à la Défense en décembre 2008. Cet immeuble de 184m de haut, dernier né des tours de bureau du centre d’affaires, s’enorgueillit d’une certification de haute qualité environnementale « NF bâtiments tertiaires – démarche HQE ». Or, après examen des études thermiques évaluées par les concepteurs, il s’avère que la consommation du bâtiment (chauffage, climatisation, éclairage, ascenseurs) atteindra 191 kWh/m²/an. C’est évidemment beaucoup moins que les 400 kWh/m²/an généralement observés pour les tours de bureaux des générations précédents, mais c’est très loin de l’objectif parisien du plan climat (50 KWh/m²/an).

Deuxième constat, sur la base de données chiffrées recueillis par le bureau d’études Enertech à propos de plusieurs opérations en Europe, la tour Post Tower (162m) à Bonn, livrée en 2002 et réputée pour être un modèle du genre, consomme en réalité 228 kWh/m²/an, alors que les modélisations informatiques au moment de la construction prévoyait 137 kWh/m²/an. Olivier Sidler, d’Enertech, précise dans le dossier de Sciences et Vie que « cet écart entre théorie et mesures de terrain ne nous a pas étonnés. Il y a toujours une différence notoire entre ce que les concepteurs prévoient et les chiffres réels. Dans le cas du chauffage, par exemple, tous les calculs sont établis avec une température réglementaire de 19°C. Cette température n’est évidemment jamais appliquée dans les bureaux, parce que les gens ont pris l’habitude de travailler dans des pièces chauffées à 22 ou 23°C. » On se rappellera peut-être que la Post Tower a été évoquée par l’agence Herzog et Demeuron lors des ateliers participatifs sur la tour Triangle comme un exemple de ce qui est réalisable…

Troisième constat, l’architecture usuelle des tours rend très compliquée, sinon impossible, d’atteindre des performances énergétiques satisfaisantes : grandes surfaces vitrées, ventilation complexe, besoins spécifiques liées à la hauteur (ascenseurs), tout cela concourt à une consommation structurellement élevée. Au contraire, pour Daniel Vaniche, architecte chez DVVD, le seul obstacle est le coût. « Il faut bien se figurer que les tours vertes restent pour l’instant des prototypes qui n’ont que peu d’années d’existence, alors que les immeubles de bureau sont des standards qui ont 30 ou 40 ans ». Selon lui, « il n’y a aucune complexité structurelle ou technique à rendre ces bâtiments vraiment verts ».

Pour Olivier Sidler, en revanche, même trois fois plus performantes, les tours n’atteindront pas les exigences réglementaires issues du Grenelle de l’Environnement. Le coût est un argument des plus sérieux (cf. l’article de Jean-Michel ROUX publié sur le site contre-les-tours) et penser qu’il suffit d’aligner des zéros sur un chéquier est une autre forme de pensée contra-écologiste : autant allouer la ressource à d’autres projets plus performants et plus grands, car moins chers au m², et satisfaire ainsi davantage de besoins. Cela dévoile sans aucun doute que l’acharnement à réaliser des tours a trait à quelque chose de plus profond, comme une volonté de dépassement et de transgression, que visiblement, la raison ne permet pas de guérir.

8 décembre 2009

Compromis possible sur le 105 Losserand ?

Le conseil d'arrondissement d'hier soir a vu un long débat sur le devenir de la parcelle du 105, rue Losserand, dont on avait déjà parlé ici. Après la réunion publique houleuse qui s'est tenue le 25 novembre dernier, au cours de laquelle la SIEMP avait présenté une version modifiée mais toujours aussi peu satisfaisante de son projet, René Dutrey et moi-même avions déposé un voeu pour envisager une modification du programme, afin de permettre de sortir de l'impasse.

En effet, l'objectif de 30 nouveaux logements sur cette parcelle complexe, toute en longueur, avec de nombreuses vues donnant sur le terrain, semble difficilement compatible avec un autre objectif, celui de maintenir les activités culturelles dans la salle Marius Magnin, située au fond de la parcelle.

Après discussion avec Pascal Cherki, nous sommes arrivés à une solution de compromis, qu'il reste maintenant à faire accepter par l'hôtel de ville, afin soit d'améliorer le passage par le 49, rue de Gergovie, soit de recréer un passage par le 105, rue Losserand, en ne réalisant pas quelques logements et ni le commerce prévus.

Voici le texte du voeu adopté hier soir par l'ensemble du conseil d'arrondissement :

"Lors de la séance de novembre 2008, le conseil d’arrondissement puis le conseil de Paris ont décidé de confier à la SIEMP la réalisation d’une opération de construction de 30 logements sociaux sur les parcelles des 105, rue Raymond Losserand et 49, rue de Gergovie, ainsi que la réhabilitation des trois immeubles dont elle est déjà propriétaire au 103, rue Raymond Losserand.

Au fond de la parcelle du 105, rue Raymond Losserand, en limite de la résidence de la SAHLM SADIF, situé 90, rue du Moulin Vert se situe la salle Marius Magnin, dévolue depuis plusieurs années à des pratiques festives (bals, spectacles de fin d’année de diverses associations) et culturelles. Plusieurs séances du Conseil de quartier Pernety s’y sont également déroulées.

Afin de préserver la destination de la salle, soumise au risque d’un projet immobilier que son propriétaire aurait pu vouloir réaliser, la municipalité l’a inscrit en emplacement réservé à vocation culturelle lors de la modification du PLU intervenue en 2009. Désormais, aucun autre usage que celui-ci n’est possible, et le maire du 14e a manifesté son souhait que la Ville de Paris puisse s’en porter acquéreur, afin de la réhabiliter, de la mettre aux normes, et d’assurer à terme une programmation diversifiée, tournée vers le quartier.

Toutefois, la dernière version du projet de la SIEMP, présentée lors d’une réunion publique le 25 novembre, ne permet pas de garantir à terme le bon fonctionnement de cet équipement, et d’en utiliser tout le potentiel.

Si elle a permis d’améliorer certains points relatifs à l’insertion des constructions dans le cœur d’îlot, cette version implique en effet un accès au 49, rue de Gergovie par un hall d’immeuble d’1,80m de large, puis le long de 3 petits bâtiments résidentiels dans un étroit corridor d’environ 3m de large, qui limite considérablement l’utilisation de la salle et posera à l’évidence des problèmes de coexistence, avec des risques de conflits d’usage. Le passage existant devenu inusité au 90, rue du Moulin Vert pour éviter des nuisances aux locataires de la SADIF illustre ce que deviendra sans doute le passage par le 49, rue de Gergovie.

De plus, la desserte de la salle pour des objets encombrants (décors, pianos) n’est pas assurée.

Lors de la réunion publique du 25 novembre, le président de la SIEMP, Romain Lévy, a indiqué qu’en tant que bailleur, il était tenu par les délibérations du Conseil de Paris, et qu’il lui était impossible de faire évoluer le projet. Pourtant, il apparaît clairement aujourd’hui que ce programme a été adopté alors que les études de faisabilité n’étaient pas achevées, et que les solutions techniques permettant l’accès à la salle n’étaient pas trouvées. Pour rappel, en novembre 2008, une solution en cours d’étude était la création d’une salle de spectacle enterrée, située à l’entrée du site vers le 105, rue Losserand, moyennant la démolition de la salle actuelle. Etant donnée la complexité du site, et la difficulté de trouver un projet conciliant la réalisation de la totalité du programme de logements prévu et le bon fonctionnement de la salle, il serait de sage de réexaminer à la marge ce projets en supprimant certains bâtiments.

Aussi, le Conseil d’arrondissement émet le vœu que le Maire de Paris intervienne auprès de la SIEMP pour qu’elle réétudie, en concertation avec la mairie d’arrondissement et des représentants des usagers de la salle et des riverains, le projet d’aménagement pour d’une part améliorer l’accès à la salle et permettre ainsi le développement d’un équipement culturel de proximité dans la salle Marius Magnin et d’autre part pour réaliser le programme attendu de logements sociaux ce qui passe par la suppression du bâtiment M2 et, afin d’améliorer l’accès à la salle, soit la suppression d’un logement en rez-de-chaussée du bâtiment M1 pour réorganiser le hall et élargir le hall, soit la suppression du commerce du 105, rue Raymond Losserand."

11 novembre 2009

Oui à l'autopartage, non à autolib'


Le 9 novembre, la Mairie du 14e a présenté les implantations des stations Autolib. Retour sur les questions que pose ce projet...


Pourquoi les Verts sont-ils opposés au projet Autolib ?

Autolib n'est une réponse ni originale, ni adéquate au problème actuel des transports à Paris. Là où il faudrait redonner une partie des espaces de voirie aux cyclistes, aux piétons, aux transports en commun ou pour le stationnement, Autolib réduit de façon importante cet espace pour installer ses stations.

Autolib, c'est rajouter du trafic au trafic. Toutes les études le montrent : ce sont les personnes qui ne possèdent pas de voitures qui utiliseront Autolib, ce qui entrainera une plus grande saturation du trafic et des émissions supplémentaires de gaz à effet de serre.

Et puis, l’expérience de Vélib permet d’anticiper certains dysfonctionnements. Tous les jours, des bornes vides de vélos sont réapprovisionnées par des camions. Imaginons la même chose avec des voitures : est-on prêts à accepter la pollution de semi-remorques pour déplacer des voitures vides dans Paris ? Enfin, ce système coûte extrêmement cher pour un apport en qualité de vie dont on peut douter. Autolib est le contraire d’une politique de développement durable de la ville !

Pourtant des voitures électriques, c’est écologique ?
En ce qui concerne le véhicule électrique, nous ne savons toujours pas traiter les batteries usagées. De plus, la généralisation de la voiture électrique individuelle en France nécessiterait 30 nouveaux réacteurs nucléaires. C’est plus un cadeau fait aux industriels qu’une réelle avancée
environnementale…
Que proposent les Verts ?
Autolib va couter à l’usager à peu près autant qu’une course en un taxi intra-muros ! Nous pensons qu’il est plus logique d’améliorer et de rendre plus propre la flotte des taxis parisiens insuffisante par rapport à la demande. Avec le budget d’Autolib, nous préférerions développer les transports en commun et les espaces réservés aux piétons et aux cyclistes.
Enfin, nous proposons d’encourager le vrai auto-partage, comme cela existe déjà dans notre arrondissement avec Caisse Commune et Okigo. Ces sociétés louent des véhicules partagées à leurs adhérents le temps d’un trajet.

21 octobre 2009

Quel avenir pour Broussais ?


Rappel d’une petite histoire déjà longue

Alors que la mairie de Paris a engagé, en partenariat avec l’AP-HP, une nouvelle étude sur l’aménagement du site de Broussais et une série de réunions publiques et d’ateliers, il est utile de revenir sur la déjà longue histoire des projets envisagés à la suite de la fermeture partielle de l’hôpital en 2000, et d’indiquer les propositions des Verts.

En 2001, l’AP-HP a déjà relocalisé une partie des services présents à Broussais, et a commencé à vendre par morceaux le site. Alors que les sites de Boucicaut et Laënnec font l’objet d’une cession globale à un opérateur, Broussais est victime d’une stratégie différente de l’AP-HP : vente progressive par appartements et utilisation provisoire des locaux disponibles, pour les besoins d’autres hôpitaux parisiens en travaux ou pour des associations intervenant dans le domaine de la santé.

Dès fin 2001, les Verts demandent la réalisation d’une étude d’ensemble, visant à définir les orientations d’aménagement de Broussais, et à répondre aux attentes en matière des riverains et associations, réunis pour une partie d’entre eux dans le Collectif Redessinons Broussais.
Il a malheureusement été décidé d’engager des négociations avec l’AP-HP, sans vision globale, sur le devenir des bâtiments et de travailler au désenclavement du site, par la création d’un réseau de voies publiques. Les atermoiements de l’AP-HP à l’époque ont conduit à des négociations sans fin, dont les conclusions étaient remises en causes d’une fois sur l’autre.

L’installation de la Croix-Rouge en 2004 a contribué à redynamiser le quartier, dans le cadre d’un projet architectural de très grande qualité.

Mais, alors que les idées foisonnaient autour de l’étude sur l’aménagement des voiries d’un côté et de l’autre d’un collectif d’artistes qui s’était monté pour proposer une réutilisation éphémère de la Chaufferie afin de préfigurer un futur espace culturel, les blocages étaient nombreux : mauvaise volonté de l’AP-HP de céder ces terrains à la Ville pour la réalisation d’équipements publics, faible implication de la mairie du 14e pour promouvoir auprès de la mairie de Paris un projet novateur et ambitieux pour la Chaufferie, difficultés sur les modalités du maintien dans les lieux du centre social Didot-Broussais.

NB Le site redessinons-broussais.fr est une source intéressante pour qui veut se plonger dans le dossier. C’est un modèle que la ville de Paris pourrait adopter sur un projet d’aménagement, pour mettre à disposition tous les éléments de réflexion et de débat…


Quelques grands principes d’aménagement

Au gré de cette lente maturation, certains éléments se dessinent quand même sur l’évolution du site. Sont alors fixés quelques grands principes d’aménagement :
- Maintien d’une vocation sociale et sanitaire sur le site
- Préservation maximale du bâti existant et du plan originel du site, dans une logique patrimoniale et de développement durable (moins de démolition, c’est moins de déchets et de béton)
- Aménagement d’une promenade paysagère et artistique, au-dessus de la petite ceinture entre la rue Didot et le jardin des Arbustes
- création d’un espace culturel innovant, ouvert sur le quartier, dans l’ancienne chaufferie ;
- réinstallation sur place du centre social Didot-Broussais.

En 2006-2007, à partir de ces grand principes, un projet de restructuration ces voies et d’incorporation dans le domaine public municipal est élaboré et fait l’objet d’une enquête publique. Le schéma retenu, à la suite de cette consultation publique, est celui d’un désenclavement partiel, privilégiant les modes doux (marche, vélo) et limitant l’accès aux véhicules pour la desserte interne du site, qui ne comporte pas de places de parking en sous-sol. Mais à l’issue de l’enquête publique, le commissaire enquêteur émet un avis défavorable, ce qui remet en cause la démarche.

Fin 2007, début 2008, la Ville et l’AP-HP lance une étude urbaine d’ensemble, visant à relancer une réflexion globale sur le site. Conduite de manière classique, et technique, sans consultation des habitants, elle vise à essayer de mettre d’accord ces deux institutions sur le devenir de ce qui reste à aménager et à céder.


Le projet en 2009

Au terme de cette étude menée par le cabinet AM Environnement, la mairie a souhaité engager une démarche de concertation, qui repose sur une réunion publique, suivie d’une série de 3 ateliers thématiques, puis de deux réunions de restitution, en parallèle d’un questionnaire basé sur des scénarios d’aménagement.

La longue maturation du projet a permis de fixer, avec le temps, quelques fondamentaux, qui ont été portés par les associations et les riverains : espace culturel à la chaufferie, promenade sur la petite ceinture, par exemple. Le collectif Redessinons Broussais a porté depuis plusieurs années, sans beaucoup de moyens, une démarche de participation citoyenne que la Ville aurait dû mener elle-même. Ils ont largement contribué à ces fondamentaux devenus consensuels. Ils ont porté, dans un sens, le débat public. Mais ce n’était pas leur rôle exclusif, ou plutôt, la mairie aurait dû s’y impliquer bien davantage.

A ce stade, Les Verts 14e s’inquiètent pour plusieurs raisons de la suite donnée au projet :
· Sur le déroulement de la concertation, menée en urgence et selon des modalités insuffisantes. Les scénarios élaborés par AM Environnement sont clairement orientés. Il n’y a pas vraiment d’alternative sur le devenir du site. Il s’agit plutôt de faire valider ou évoluer à la marge par la population des projets déjà mis au point, plus que d’une véritable réflexion partagée. La rapidité avec laquelle le processus est mené n’est pas une garantie d’écoute et d’interaction.
· Sur l’absence d’une démarche d’éco-quartier que nous avions porté pendant les élections municipales. C’est la seule garantie d’une approche conciliant enjeux environnementaux, sociaux et urbains. Quid de la production d’énergie renouvelable ? Quel bilan énergétique global ? Quid de la biodiversité ? (Qui sait par exemple que la destruction de la dalle de Broussais pourrait condamner la dernière grande colonie de chauve-souris au sud de Paris ?)
· Un scénario d’ouverture à la circulation du site est privilégiée par la mairie, notamment la liaison entre rue Didot et rue Losserand, alors que sous le mandat précédent, on avait obtenu, en partie à la demande des riverains, un schéma de circulation en « marguerite » qui ne laissait pas passer de transit possible sur le site. Ce principe doit être rappelé et cet engagement tenu.
· Sur le principe de dépassement du plafond des hauteurs (de 36m à 50m). Les Verts ont exprimé leur désaccord sur la réalisation de tours à Paris. Ce quartier est déjà dense. Or, il semblerait que la mairie souhaite la réalisation d’immeubles de grande hauteur, et envisage de dépasser le plafond de hauteur (12 étages actuellement, 18 demain ?).

13 septembre 2009

Tour de Chine


Je reviens de Chine, où j’ai passé trois semaines. L’objectif de ce blog n’est pas de vous raconter mes vacances, mais il est difficile de passer sous silence les impressions perçues après ce voyage dans « l’usine du monde ». Je vous épargne donc mes remarques sur la nourriture et la muraille de Chine, pour évoquer ce qu’on peut comprendre, en tant que visiteur éphémère non sinophone, du développement et du mode de vie chinois.

Première constatation en arrivant à Pékin, dans un aéroport ultra-moderne puis en s’enfilant l’autoroute jusqu’au centre-ville, en croisant les 5 boulevards périphériques successifs, c’est le rattrapage technologique effectué et l’uniformisation du paysage. Pas de choc culturel, on est dans la métropole planétaire standard, avec son affichage publicitaire proliférant, ses embouteillages de grosses voitures climatisées, ses tours démonstratives de la puissance émergente.

Sur ce sujet, justement, le débat parisien gagnerait à s’enrichir vraiment d’expériences étrangères. D’aller y voir, plutôt que d’évoquer avec envie ou aigreur des images toutes faites de mégalopoles censées nous concurrencer.

A Pékin, Xi’an ou Shanghai, les grandes villes que j’ai vues, la tour est devenue l’habitat standard. Dans ce cas, on peut vraiment parler de fortes densités, car les prospects imposés en France pour ce type de construction n’existent pas là-bas. D’où des îlots de tours très serrées, avec peu d’espaces extérieurs. Dans ce contexte de densité, longtemps dominé par les transports publics ou la bicyclette, l’explosion de la voiture particulière est particulièrement notable. Comme quoi, tour n’est pas du tout synonyme de ville durable. Sans parler de l’efficacité énergétique des tours chinoises, elles n’empêchent en rien l’évolution vers une mobilité égoïste, qui débouche sur des élargissements de voies (les 2X4 voies sont la norme) et la séparation progressive des circulations (le retour des grandes passerelles enjambant les autoroutes urbaines, que nous cherchons à bannir en France). Elle ne signifie pas non plus libération d’espace. A Shanghai, peu ou pas d’espaces verts. A Pékin, ceux qui existent sont des parcs plusieurs fois centenaires.

La tour chinoise répond donc à une problématique inconnue ici, l’explosion urbaine et l’exode rural. Elle n’est que marginalement étalage de prestige et de modernité. Dans ce dernier cas, en revanche, il faut lui reconnaître d’avoir intégré la mixité fonctionnelle : centre commercial sur les 6 ou 7 premiers niveaux, hôtels et bureaux au-dessus, parfois connectés directement à une station de métro, permettent effectivement de créer une intensité forte, tout entière dédiée à la consommation, au luxe et à la finance. Le rêve, quoi !

De fait, le riche chinois d’aujourd’hui n’aspire qu’à une chose, la « low density community », vantée par les promoteurs immobiliers, pour créer des quartiers sécurisés de maisons individuelles, avec une homogénéisation sociale similaire aux « gated communities » américaines. C’est d’ailleurs un autre effet de la mondialisation capitaliste, l’accroissement des inégalités spatiales et territoriales, avec l’émergence manifeste de ghettos sociaux, par le haut.

L’expérience de la tour chinoise est donc difficilement transposable à Paris, encore plus en France : elle rappelle le grand ensemble des années 1960, en plus moderne et mieux équipée, mais en plus dense aussi. A défaut, elle représente comme à Dubaï une course effrénée, et complètement vaine (vaniteuse ?) à la hauteur, symbole d’un capitalisme financier triomphant, qui semble dater d’une autre époque, celle d’avant la crise…

7 septembre 2009

Avant-projet de loi sur le Grand Paris : un petit goût du Second Empire


L’année 2010 va voir le 150ème anniversaire de l’annexion des arrondissements périphériques parisiens, rattachés à la capitale par un décret impérial de 1860. Est-ce un avant goût des festivités qui pourraient être envisagées pour l’année prochaine, qui a incité le petit Nicolas à se mettre dans les pas de Napoléon le Petit ? En tout cas, l’avant-projet de loi sur le Grand Paris (l’APLGP) diffusé cet été tient manifestement à s’inspirer de pratiques d’un autre temps pour dessiner le visage de la métropole de demain. On a parlé de l’Après-Kyoto, on a plutôt l’impression de remonter le temps !



Que propose ce projet de loi, en effet, sinon :



  • de museler l’opinion en empêchant le débat public,

  • de reconcentrer la politique d’urbanisme et d’aménagement aux mains de l’Etat, faisant fi du commencement d’organisation métropolitain,

  • de créer une nouvelle structure d’aménagement, alors que l’Ile-de-France étouffe déjà sous le trop plein de SEM, EPA et autres EPF capables de mener à bien le projet urbain à concevoir.

En 2002 avait été créée la Commission Nationale du Débat Public, instance indépendante chargée d’organiser la consultation du public sur les grands projets d’aménagement et d’infrastructure. Les modalités de ce débat, dans bien des cas, sont déjà peu contraignantes pour les maîtres d’ouvrage, les projets déjà bien avancés étant soumis au débat avec peu de marge de manœuvre pour les faire évoluer, sauf mobilisation très forte. Mais l’APLGP propose ni plus ni moins de décharger la CNDP du débat sur les projets d’infrastructures du Grand Paris, en confiant à la société d’aménagement créée à cette occasion le soin de l’organiser elle-même. La CNDP pourra désigner un observateur !...pour un débat prévu pour durer 4 mois (encore « ! »).


La Société du Grand Paris, justement. Voilà qui sonne vraiment Haussmannien. Cet établissement public supplémentaire (alors qu’existent déjà en Ile-de-France plusieurs structures du même type (AFTRP, EPA Plaine-de-France…), des établissements public fonciers, des société d’économie mixte départementales, communales, régionales…) bénéficiera de pouvoirs assez exorbitants : organisation du débat public, on l’a dit ; dérogation aux règles de la mise en concurrence imposées par l’Union Européenne pour la réalisation d’opérations d’aménagement ; propriétaire et exploitant de galeries commerciales et de bureaux dans les gares à construire ; dérogation à la loi sur les contrats de maîtrise d’œuvre ; fournisseur du matériel roulant livré à l’entreprise qui exploitera la ligné de métro automatique… Bref, un Etat dans l’Etat, capable d’exproprier, de valoriser les terrains, de louer des immeubles, de définir ses propres priorités, etc.


Last but not least, l’Etat pourra également mettre au point des « projets territoriaux stratégiques », sur lesquels les collectivités locales émettront un simple avis avant arrêté du conseil d’Etat, susceptibles de se substituer aux schémas de cohérence territoriale et aux plans locaux d’urbanisme. On ne sait pas si c’est la Société du Grand Paris qui les réalisera, les services déconcentrés de l’Etat n’ayant presque plus de compétences dans le domaine de l’urbanisme. Mais à l’évidence, la volonté de mettre en coupe réglée les élus locaux est manifeste.

1 juillet 2009

Le conseil du 14e se prononce pour un moratoire sur les antennes relais !


La mairie du XIVème a adopté lundi soir à l'unanimité un voeu instaurant un moratoire sur toute nouvelle installation d'antennes relais dans l'arrondissement d'ici à la renégociation de la charte sur la téléphonie mobile entre la Ville et les opérateurs qui se termine fin 2009.
Dans un communiqué mardi, René Dutrey, à l'origine de la proposition, souligne que "ce moratoire prendra fin uniquement si la révision de la Charte de Paris intègre un seuil d'exposition du public aux champs électromagnétiques à 0,6 volts par mètre", seuil de précaution recommandé par un grand nombre d'experts.


Le conseil d'arrondissement souhaite également que le maire de Paris retienne le XIVème arrondissement pour expérimenter un seuil maximum d'exposition à 0,6 volts par mètre.

Le voeu a reçu le soutien du maire PS du XIVème Pascal Cherki. M. Dutrey affirme que "c'est une première en France en matière de téléphonie mobile" et que les Verts "se félicitent d'être rejoints sur la nécessité d'appliquer le principe de précaution en matière de téléphonie mobile".

La "conférence parisienne ondes, santé, société" a récemment recommandé la prudence sur les antennes relais et le wifi, préconisant notamment l'abaissement du seuil d'exposition aux ondes électromagnétiques à 0,6 volt/mètre, alors que le seuil actuel à Paris est fixé à 2 volts/mètre.

16 juin 2009

La politique autrement : du système propriétaire au logiciel libre


La tribune de Dany Cohn-Bendit dans le Monde daté du 16 juin reflète exactement ce que je pense du bilan de cette élection et des perspectives qu’elle ouvre à l’écologie politique. Pourquoi se lancer dans un commentaire, alors ? vous direz vous… Pour tenter de mettre mes mots derrière cette réflexion, et d’y ajouter la vision du militant et de l’élu local que je suis, simplement et modestement.

Que dit Dany ? Que l’attitude traditionnelle des partis politiques est de considérer les voix et les électeurs comme leur appartenant, et que cette conception, dépassée, traduit une vision du rôle du parti politique dans la société qui n’est plus tenable. Les manœuvres d’appareil, sur la base de calculs d’apothicaires, tout comme la fabrication d’une pensée descendante, transmise par des cadres éclairés à leurs militants, chargés de diffuser la bonne parole dans l’électorat, ne sont plus de mise.

Une organisation pour une vision différente

L’écologie politique, telle qu’elle est en train de s’organiser avec Europe Ecologie, participe d’une logique totalement contraire, qui est d’ailleurs subtilement en phase avec la vision qu’ont les écologistes de la société. Europe Ecologie, c’est d’abord un réseau, certes appuyé sur les Verts, mais dans lequel ces derniers ont accepté de partager complètement les processus de décision et d’action. C’est un rassemblement autour d’idées faisant consensus, autour d’une perception commune de l’intérêt supérieur de la planète et des humains qu’elle accueille. Cela a permis de mettre de côté le fonctionnement d’appareil des Verts, différent mais qui n’a rien à envier à celui d’autres partis politiques.

Or ce réseau permet aux citoyens de s’identifier à une façon différente de parler et de faire de la politique. Dans un sens, le Bayrou des élections présidentielles, avait déjà trouvé une autre façon de le faire, en s’appuyant sur le dépassement d’un clivage gauche-droite autoreproductif et autojustifiant, reposant souvent sur des postures de principe, ce qui explique qu’au-delà des mots, la façon de gérer de la gauche ou de la droite pouvait se ressembler. Mais là où Bayrou nous servait un discours sur la forme des institutions, censé être pragmatique, mais ne disant rien sur le fond, Europe Ecologie a réussi à mettre du contenu : changer le système de production et de consommation, mettre de l’humain et de l’écologie dans l’économie, lutter contre les multinationales et leurs impacts effrayants en terme de corruption politique, de misère sociale et de dégradation environnementales, faire de l’Europe un espace de développement durable, etc.

De la mesure en toute chose

Ne nous enflammons pas ! Le « nous sommes en marche » qui conclue la tribune de Dany est, malgré sa rhétorique un brin révolutionnaire, à prendre comme l’expression d’une volonté, pas comme le signal adressé par notre leader à ses fidèles, au commencement de la grande aventure de la révolution écologiste après celle du Christ ou de Lénine dans son train blindé… L’élection européenne est particulière, par son mode de scrutin, par l’abstention importante qui la caractérise, par la distance entre l’institution européenne et le citoyen qui lui fait penser que s’agissant d’un lieu lointain, aux pouvoirs jugés moindres, il peut « se faire plaisir ».


Evidemment, des électeurs habituels du PS ont signifié qu’ils étaient prêts à voter autrement à gauche si la social-démocratie ne se remettait pas sérieusement en cause. Bien entendu, l’impact du film de Yann Artus-Bertrand est à prendre en compte (cela dit, quoi de plus normale que la prise de conscience de la crise écologique, depuis le temps qu’on alerte à ce sujet). Et oui, M. Delanoé, Dany Cohn-Bendit a une image au moins aussi positive que la votre, et peut faire se déplacer des électeurs sur son nom, comme vous l’avez fait l’année dernière. Tout ça est vrai.

Il n’empêche, ce succès – dont l’ampleur et le relais médiatique sont impressionnants depuis quelques jours – signifie au-delà de ces contingences certes importantes qu’il est peut-être enfin possible de faire passer un message en contrepoint de la bienpensance croissanciste, et de sa vision réductrice de la solution à nos problèmes. Et que ce message suppose un canal lui-même différent.

Pour un nouvelle forme de coalition

De fait, le score d’Europe Ecologie nous conforte dans notre stratégie d’autonomie. Parce que nous avons une analyse différente, parce que nous avons des propositions originales, parce que notre fonctionnement interne, et désormais externe, est autre, nous devons offrir une alternative aux électeurs. Parfois ils nous donnent tort (aux dernières municipales à Paris), parfois raison, mais nous n’avons pas à mettre de côté nos spécificités pour gagner quelques places de plus dans les assemblées élues. Et après tout, vox populi, vox dei : il faut respecter leurs choix, sans tomber dans les travers de la démocratie d'opinion tout en entendant que notre message ne passe pas toujours comme nous pensons qu'il passe.


Cela dit, comme l’indique Dany, autonomie n’est pas isolement. Il faut donc inventer une nouvelle forme de coalition avec les partis politiques qui sont d’accord pour gouverner avec nous sur les bases de nos propositions, tout en intégrant les leurs. Il faut aussi adapter notre posture aux circonstances, et aux modes de scrutin. Ne pas faire perdre la gauche quand elle est globalement menacée. Nos nouveaux électeurs ne nous le pardonneraient sans doute pas. La voie n’est donc pas toujours très large, pour faire entendre la nécessité de l’autonomie au premier tour et l’exigence du rassemblement au second. Elle doit être d’ores et déjà expliquée pour les élections régionales, dans quelques mois. L’enjeu, c’est bien le projet d’une éco-région, qui suppose de satisfaire deux conditions nécessaires : un score écolo élevé au premier tour, et une victoire de la gauche et des écologistes au second.

8 juin 2009

L’espoir en vert !


Avec près de 29% des voix, la liste Europe Ecologie conduite par Dany Cohn-Bendit et Eva Joly est arrivée en tête dans le 14e arrondissement, devant les partis traditionnels de la gauche et de la droite. C’est d’abord - ne le cachons pas - une très bonne surprise, mais c’est surtout, évidemment, un message d’espoir et d’encouragement que nous ont adressé les 12 029 électeurs qui ont choisi nos candidats. Un message réfléchi et sérieux, celui d’une urgence. Urgence à traiter à l’échelle européenne la question vitale du changement climatique. Urgence à s’engager dans un mode de développement et de consommation différent, respectueux des hommes et de la planète qui les accueille. Urgence à faire évoluer l’Europe vers plus de démocratie et de solidarité. Urgence enfin, à répondre à une crise grave, qui exige une remise en cause du capitalisme et du productivisme, tel qu’il a modelé le monde depuis 50 ans.

Bien entendu, ce score est aussi une adresse au Parti socialiste, et aux contradictions nombreuses qui l’habitent. Cela n’est pas à nous de lui dire comment il doit évoluer. Gageons simplement que la Gauche, dans son ensemble, saura entendre l’expression d’un appel à d’autres pratiques politiques, à la fin d’un hégémonisme dépassé, à une intégration réelle des enjeux du développement durable, dans toutes ses composantes. Certes, le PS a déçu, mais je suis certain que ce vote est aussi un vote d’adhésion à une autre façon d’envisager la politique et d’agir sur le monde.

Merci à toutes celles et à tous ceux qui ont mené cette campagne de terrain, qui ont participé à nos actions et ont su impulsé une dynamique exceptionnelle. Et merci bien entendu aux électrices et électeurs qui nous ont fait confiance.

Le travail commence pour nos 14 députés européens, dont les deux têtes de liste franciliennes sont particulièrement attachés au 14e, où ils résident ou ont résidé. On compte sur eux pour venir régulièrement nous tenir informé de leur action, et faire aimer l’Europe (qui en a vraiment bien besoin, vu l’abstention).

La « vague verte » est particulièrement forte à Paris (voir les résultats). Elle signifie beaucoup pour nous, un an après avoir connu une relative déconvenue aux élections municipales, où nos listes avaient sensiblement reculé par rapport à 2001. Elle vient nous conforter dans nos analyses, et dans notre rôle d’élu de terrain, au quotidien. Elle traduit un potentiel formidable pour pousser des programmes d’action publique sérieusement écologistes, et pour faire de Paris le laboratoire d’une écocité. Elle nous confère, en tout cas, une responsabilité plus forte que jamais. Elle va, je l’espère, nous permettre de réorienter la politique municipale et y remettre l’ambition écologique qui l’animait dans le mandat précédent. Pour tout cela, merci encore.

18 mai 2009

Le préfet de Police sursoit à la démolition du 130, rue du Château






Rebondissement dans l’affaire du 130, rue du Château. Vous vous souvenez sans doute que ce site, l’une des dernières traces de courée faubourienne de l’arrondissement, était menacé de démolition à la suite d’une procédure de péril, qui arrangeait bien le propriétaire des lieux, qui souhaite réaliser une opération immobilière (voir article du 18 mars dernier).
La Ville de Paris avait engagé une démarche d’expropriation, afin de réhabiliter le site, mais celle-ci était remise en cause (voir odj du conseil d'arrondissement du 2 mars dernier).
A la suite du vœu voté en Conseil d’arrondissement et d’une saisine de Pascal Cherki au Préfet, celui-ci, dans un courrier du 11 mai, annonce qu’il a « décidé de surseoir à la prise de l’arrêté de péril en démolition ».
Dans son courrier, il rappelle que « toutes les façades se faisant face ont été bloquées entre elles par un échafaudage tubulaire […]. Dans ces conditions, le risque d’effondrement pas poussée au vide est provisoirement écarté ». Soulignant que « les bâtiments qui ne sont plus entretenus et qui sont exposés aux intempéries continuent de se dégrader », il indique qu’étant donné le projet de la Ville de Paris, il accepte de reporter sa décision, et demande « à être tenu informé des avancées et délais de réalisation prévisionnels du projet de réhabilitation ».
La balle est maintenant dans le camp de la Ville de Paris, qui doit obtenir l’expropriation de la parcelle.


30 avril 2009

L'avenir du paysage des tours de Paris...


Je me suis rendu avant hier soir à la deuxième réunion organisée par l’Hôtel de Ville dans le cadre de la consultation sur l’avenir de Paris. Car il ne s’agit plus du paysage de Paris, et encore moins des tours… On se souvient que le conseil de Paris de février avait voté le principe d’une grande consultation sur le paysage de la capitale. La délibération parlait à l’époque assez peu de paysage et encore moins d’avenir de Paris, puisqu’il s’agissait de vanter les bienfaits de la hauteur, et surtout de la grande hauteur. Après quelques réunions sur la tour Triangle, projet déjà bien avancé, on se disait donc qu’il était peut-être temps d’avoir une réflexion globale sur l’urbanisme. Qu’avait-on fait pendant les 4 années d’élaboration du Plan Local d’Urbanisme, on se le demande encore…

Quand le débat politique cède à la mode médiatique


Cette réunion me laisse perplexe. D’abord sur le format. Cela donne l’impression que le support télévisuel et les pratiques médiatiques déteignent sur l’organisation du débat public, et politique : un journaliste animateur (qui parle beaucoup), deux élus en guest-star, un panel de citoyens, trois experts qui auront en tout et pour tout 10mn pour exprimer une pensée complexe, un film de 25mn pour lancer le débat. Ce n’est d’ailleurs pas un débat, mais une succession de témoignages et d’interpellations. Pas d’échanges, pas d’arguments qui se contredisent, pas de construction d’un point de vue consensuel ou d’affichage de contradictions à résoudre. Un flot de propos, souvent intéressants, mais qui n’ont pas de lien entre eux, et avec l’ordre du jour de la réunion. D’où un sentiment de confusion et de vertige face aux enjeux posés, qui concernant tous les pans du vivre ensemble (l’intégration des résidants étrangers, les transports, la culture…). Et qu’évidemment, la forme de la discussion vient renforcer, voire transforme en frustration, parce qu’on devine qu’on n'aura pas beaucoup avancé ce soir.

Les préoccupations des Parisiens : coût et qualité de vie


Ensuite sur le fond. Le recours au film, pourquoi pas. Même si l’on sait que ce type de dispositif surdétermine la façon dont le débat s’enchaine derrière, et que le film, qui restitue des entretiens avec le panel citoyen, est nécessairement un extrait, un montage, donc une vue orientée. Ce film nous dit cependant des choses vraies, et principalement deux : Paris est une ville chère, dans laquelle la mixité sociale est en danger, du fait de loyers et d’un coût de la vie excessif ; Paris est une ville merveilleuse mais où la convivialité, la richesse des contacts humains, la qualité de vie (accès à la culture, aux loisirs) sont menacées par des comportements individualistes et un gigantisme oppressant. Les deux vont de pair, bien entendu.

L’autre élément qui ressort des prises de parole, c’est le besoin de sortir des limites du périphérique, qui n’ont plus beaucoup de sens dans la vie quotidienne des Franciliens. On le savait, mais la prise de conscience collective est maintenant certaine, et les citoyens sont dans doute plus mûrs que leurs élus.

Et le paysage dans tout ça ?


Sur le constat, le film est donc probant, car on a posé des questions ouvertes. Sur les propositions, on sent que les choses commencent à être plus orientées. Personne ne répond spontanément que pour régler les problèmes de la vie chère et du vivre ensemble, il faut des tours. On parle très peu du paysage urbain. A part l’intervention visiblement téléguidée d’un habitant de la place des Fêtes qui nous dit combien c’est convivial d’habiter dans une tour, le sujet est peu abordé.
En revanche, dans le film, la question est clairement posée, avec le raccourci « tour = modernité ». Paris ne pourrait pas être moderne sans architecture contemporaine, et l’architecture contemporaine, c’est nécessairement des tours ! A ce stade, les réponses des interviewés sont assez tranchées, entre l’adhésion à ce raccourci impensé et le rejet pur et simple au nom du patrimoine et de l’histoire de Paris. On reste donc dans la caricature, et une fois encore, le débat n’avance guère.

Au final, la confusion des genres, et la variété des thématiques abordées a laissé très peu de place à une approche pédagogique et argumenté sur le sujet de fond qu'on était censé aborder, le paysage de couronne. Si la mairie entend mener un forum sur l'avenir de Paris, c'est une très bonne idée. S'il s'agissait de parler d'urbanisme, c'est franchement raté. Un fait exprès pour ne pas y revenir ?

21 avril 2009

Autolib, chronique d’un échec annoncé…


En dix jours, le projet de voitures en libre-service porté par Bertrand Delanoé a pris du plomb dans l’aile. Vendredi dernier, le préfet de région refusait de valider la création du syndicat mixte initialement chargé de la mise en place du service en Ile-de-France. «Un syndicat incontournable», note Le Parisien du 11 avril, puisque sans lui, Autolib' serait strictement limité à Paris intra-muros, et «présenterait alors beaucoup moins d'intérêt». Rappelons que, de toute façon, plusieurs communes de première couronne ont refusé de faire partie de ce syndicat, au motif qu’il leur fallait débourser 50 000€ par station et que cette somme serait peut-être plus utilement utilisée dans le développement des transports collectifs. De quoi rendre déjà peu cohérent ce réseau de voitures.

La Région au secours de l'écologie, Delanoé obstiné.

Un peu plus tard, toujours selon le Parisien, c’est le président PS de la Région, Jean-Paul Huchon, qui s’apprêterait à refuse le concours financier de l’Ile-de-France, appelé au secours pour suppléer le peu d’entrain des communes, notamment les plus pauvres, à participer à ce qui ressemble de plus en plus à un luxe de gens riches.
Il se dit dans les couloirs de l’Hôtel de Ville que le maire s’obstine malgré un projet mal ficelé, une idée politique sans réalisme, que de moins en moins de techniciens soutiennent.

Des problèmes de fond.

Pour une fois, les bruits de couloir pourraient être frappés du sceau du bon sens. Autolib se heurte en effet à de nombreux obstacles techniques, écologiques et financiers. Techniquement, par exemple, on ne sait pas recharger une batterie en 30mn. Il faut entre 4 et 5 heures, ce qui pose un sérieux problème pour que la flotte soit suffisante pour permettre de répondre à la demande.
Ecologiquement, les études montrent que le report de personnes disposant d’un véhicule vers Autolib sera relativement limité. En revanche, cela crée une offre supplémentaire, concurrente du transport en commun sur des distances moyennes. Donc un risque certain de renforcer la saturation du trafic, et les émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, quand on regarde comment fonctionne Vélib, on s’aperçoit d’un dysfonctionnement fréquent : des bornes entièrement vides dans les lieux de résidence, des bornes entièrement pleines sur les lieux de travail, avec en plus le réapprovisionnement qui entraîne la circulation de vélos sur des camions. Imaginons la même chose avec des voitures, mêmes petites ! Des semi-remorques pour déplacer des voitures vides (et déchargées) dans Paris ?

Le retour à la raison ?

Enfin, si l’on ajoute à cela le coût du système, tout plaide ou presque pour l’abandonner, raisonnablement. A la place, pourquoi ne pas aider le vrai auto-partage (des sociétés coopératives qui achètent des véhicules partagées par leurs adhérents) ? Et participer un peu plus activement au développement des transports collectifs en première couronne ? Et continuer d’encourager par des aménagements satisfaisants la pratique du vélo ?
Bref, faire du déplacement durable.
Voir le débat sur le site du Monde
Voir le dossier de presse d'Autolib sur le site de la ville de Paris

2 avril 2009

Des écoquartiers pour s’aérer la tête…


Je reviens du Forum nord-européen des écoquartiers, qui s’est tenu à Dunkerque mardi 31 mars et mercredi 1er avril. Au programme, une série de plénières et d’ateliers sur le programme de quartier dits durables qui voit le jour un peu partout en France et en Europe : quelle place pour les habitants dans l’élaboration de ces projets ? Quels critères de durabilité ? Comment retravailler la mobilité et les déplacements pour s’assurer d’un quartier peu générateur de circulation ? Quelles ressources énergétiques et comment consommer vraiment moins ?
Voilà les questions que se posent aujourd’hui les métropoles françaises et européennes (Freibourg, Amsterdam, Bruges, Copenhague étaient représentées entre autres). On est loin des tours, chacun s’accordant à dire, dans les allées et sur la scène, que ces bâtiments ne répondent en rien aux enjeux du développement durable…

Cela a surtout été l’occasion d’un « brainstorming » rafraîchissant sur les perspectives de fabrication de la ville aujourd’hui : bâtiments passifs (15 KW/m²/an) ou à énergie positive, gestion douce des eaux usées, solutions privilégiant la marche ou le vélo, mixité fonctionnelle (faire cohabiter les logements, les activités, les commerces et les bureaux) et sociale, recours massif aux énergies renouvelables, tout démontre la volonté de nombreuses villes de s’orienter massivement vers le durable, et de mettre en cause les solutions qui ont prévalu jusqu’à présent.
Restent évidemment bien des difficultés à lever. Pourquoi les Français continuent à s’appuyer, la différence de l’Allemagne qui privilégie un artisanat de PME, sur de gros groupes de BTP ou des banques intéressés à couler du béton ou à vendre des prêts immobiliers plutôt qu’à rechercher comment consommer moins de matière et d’argent ? Comment aller plus vite alors que l’urgence écologique est de plus en plus reconnue, mais que les moyens financiers ne suivent pas pour recycler des friches industrielles et développer des transports en commun ? Comment, enfin, convaincre les élus, quelle que soit leur couleur politique, que le développement durable, ce n’est pas juste de la communication ou un peu de verdure en plus dans des projets urbains ?

A Paris, le grand écart est permanent entre la politique urbaine dans son ensemble et les quelques contre-exemples positifs, et bien mis en valeur, d’approches d’un urbanisme soutenable. D’ailleurs, la Ville de Paris était étrangement absente de ce forum, dont l’aura était pourtant nationale… J'en reviens encore plus motivé pour faire avancer les projets du 14e !

29 mars 2009

Relamping place de l’Amphithéâtre


C’est l’effervescence ce samedi après-midi vers la place de Catalogne ! Une cinquantaine de bénévoles du WWF et de collaborateurs d’Ikea démarrent, entre deux averses, l’opération « Relamping » de la résidence RIVP de la place de l’Amphithéâtre. L’idée est simple, mais encore fallait-il y penser, et c’est toute la motivation et la force de persuasion de l’amicale de locataires de cet ensemble d’un peu plus de 120 logements qui a permis sa mise en œuvre : proposer aux locataires le remplacement gratuit des ampoules à incandescence par des ampoules basse consommation.

Une enquête effectuée en 2008 avait déjà souligné la forte sensibilité des locataires aux problèmes environnementaux. A partir de là, l’amicale est allée trouver Ikea, le WWF et l’Espace Info-Energie pour monter cette opération. La moitié des résidants a accepté. L’équipe de l’Espace Info-Energie présente sur place pour répondre à toutes les questions relatives à l'efficacité énergétique et à la protection de l'environnement (gestes simples à effectuer, type d'équipement à choisir, aides et les déductions fiscales…) s’active d’ailleurs pour tenter de convaincre les derniers récalcitrants. Je me glisse discrètement sous le porche de l'immeuble. L'amicale de locataires m'accueille très chaleureusement, et je passe presque une heure à parler avec eux de leurs projets (un toit terrasse végétalisé, une meilleure gestion des jardins, la conception globale d'un éco-quartier). Après quelques jours seulement dans cette délégation, je sens que l'attente est forte et qu'on va pouvoir engager plein de choses dans l'arrondissement.

Mais revenons place de l'Amphithéâtre. Le choix de la date n’est pas dû au hasard : samedi 28 mars 2009, la journée symbolique de la campagne « Earth Hour » initiée par le WWF se déroule pour la troisième année consécutive. Entre 20h30 et 21h30, l’extinction des lumières chez tous les volontaires permet de rappeler l’urgence des actions en faveur du climat. Autant dire que place de l’Amphithéâtre, on s’est empressé d’éteindre les ampoules qu’on venait d’installer…

27 mars 2009

Un nouveau Plan Local d’Urbanisme pour Paris ?

Le prochain conseil de Paris doit examiner une délibération qui lance une procédure de révision du Plan Local d’Urbanisme. A peine deux ans après son approbation, sans les voix des Verts qui s’étaient abstenus, le maire de Paris remet donc sur la table ce sujet. Pourquoi ?


C’est la conséquence d’une décision de la cour administrative d’appel qui a annulé les règles applicables dans la zone naturelle et forestière du PLU, dite zone N (les deux bois de Boulogne et de Vincennes), et dans la zone urbaine verte (squares et parcs, espaces sportifs, récréatifs et de loisirs). Cette décision entraîne le retour des règles antérieures, celle du POS de 1989 modifié en 1994, ce dont le maire ne peut évidemment se satisfaire. Aussi, puisqu’il faut remodifier les règles, et que ces règles concernent un nombre important de secteurs, il est obligé d’engager une révision complète.


Une opportunité pour un PLU véritablement écologique et solidaire

Cela signifie tout remettre sur la table. Les Verts s’en félicitent. Nous allons reposer les mêmes questions que lors des débats du précédent PLU, et rappeler les critiques fortes que nous avions porté contre ce document : options libérales, privilégiant de fait le bureau au détriment du logement dans tout l’est parisien, insuffisances des ambitions environnementales – il est vrai compensée depuis, pour les projets municipaux, par le plan climat – et absence de directives durables dans les zones d’aménagement concerté, débouchant sur un urbanisme dérogatoire, avec des modifications régulières et du coup mal contrôlées par le conseil municipal.


D’ailleurs, l’accumulation de procédures commence à rendre peu lisible l’évolution du règlement parisien. Entre des modifications (plusieurs sont en cours, soit concernant tout Paris, soit pour des ajustements dans certains quartiers), une révision simplifiée (pour permettre la réalisation de tours de bureaux dans le 13e à Massena) et cette révision générale, le citoyen aura bien du mal à s’y retrouver. Il serait franchement plus sain d’interrompre les procédures les plus récentes pour les intégrer dans cette révision.
Au final, nous espérons faire entendre notre souci d’une ville plus solidaire (le développement de bureaux dans les ZAC vise surtout à capter la taxe professionnelle, sans vision métropolitaine) et plus écologique (les tours, par exemple, constitue des aberrations énergétiques qu’aucun expert n’ose contester).

La coulée verte de la Petite Ceinture, un vœu pieux ?


Le Conseil d’arrondissement votait le 8 décembre dernier un vœu déposé par les Verts pour engager le projet d’aménagement en coulée verte de la Petite Ceinture entre la Gare Ouest-Ceinture et la Gare de Montrouge. Repris par le Conseil de Paris à l’initiative de René Dutrey, il visait à « réveiller » la mairie du 14e et l’hôtel de ville sur ce projet essentiel pour le sud de l’arrondissement.

En juin 2006, la Ville de Paris et Réseau Ferré de France signaient en effet un protocole-cadre concernant la petite ceinture ferroviaire à Paris, qui prévoyait la possibilité d’aménagements réversibles à des fins ludiques et récréatives. Après des années d’incertitude sur le devenir de cette infrastructure, dont le dernier train de voyageurs a circulé en 1934, ce protocole a marqué une avancée notable. D’une part, il y est rappelé l’intérêt de la petite ceinture comme infrastructure de transport, en particulier pour le développement du fret et de la logistique urbaine, véritable alternative au tout-camion. D’autre part, en attendant que des projets ferroviaires voient le jour, suivant les spécificités géographiques, topographiques et techniques des différentes sections, il est envisagé une mise en valeur de ce lieu, qui, du fait de son abandon, a constitué un écosystème particulier, un espace naturel quasi sauvage au milieu de la ville.

Un potentiel extraordinaire
Sur le tronçon sud, entre le Boulevard du général Martial Valin dans le 15ème et la Rue du Moulin de la Pointe dans le 13ème, le protocole indique que « la plateforme ferroviaire peut faire l’objet d’une mise à disposition partielle et réversible. Les aménagements projetés intègrent le maintien d’une voie ferrée. Ces aménagements permettront la création de promenades et de projets divers »

Le potentiel pour la réalisation d’une coulée verte dans le 14e est extraordinaire sur presque 1,5 Km, entre la gare Ouest-Ceinture, le jardin des Arbustes, la dalle de Broussais, la tranchée allant de la rue Didot à l’avenue Jean Moulin et à la gare de Montrouge, qui doit être réhabilitée. A cet égard, la mise en valeur des deux gares préservées dans l’arrondissement, et le maintien de leur connexion directe et facile aux voies, devraient être assurés pour renforcer ce projet.

Le vœu voté demandait que soient engagées dès 2009, en concertation avec les riverains, les associations et les conseils de quartier concernés, les études nécessaires à la réalisation dans la mandature de ce projet d’aménagement. Rappelons d'ailleurs l'engagement très fort, depuis plus de trois ans, du Conseil de Quartier Jean Moulin Porte d'Orléans pour la préservation de la gare dite de Montrouge

On n'a pas beaucoup avancé
Quatre mois après ce vœu, on n’a pas beaucoup avancé. Pas de cahier des charges à l’horizon. Visiblement pas de budget inscrit pour 2009. Et l’élu en charge du dossier dans le 14e qui nous dit qu’il ne s’agit que d’un vœu… D’une part, il serait regrettable de ne pas profiter de la possibilité offerte par ce protocole, signé pour cinq ans. Il sera sans doute renégocié d’ici deux ans, et rien ne dit que nous soyons gagnants. D’autre part, ce projet représente chance évidente pour notre arrondissement : un nouvel espace vert, un écosystème protégé, un lien entre ces quartiers.

Gageons que les riverains de la petite ceinture, les conseils de quartiers et les associations seront faire les piqûres de rappel à notre équipe municipale pour faire enfin avancer ce beau projet.

18 mars 2009

Patrimoine en danger au 130, rue du Château

Décidemment, le quartier Pernety est un sujet de préoccupation constant en ce moment. Lors du conseil d’arrondissement du 2 février, nous avions voté le principe d’une déclaration d’utilité publique sur la parcelle du 130 rue du Château, afin de réaliser une opération de réhabilitation de cette courée, à la forme très particulière, en logements sociaux.

Une histoire déjà ancienne
Rappelons que la parcelle fait l’objet depuis plusieurs années de tentatives de la ville de Paris pour faire entreprendre au propriétaire (la SCI qui est également propriétaire du Franprix du 53, rue Losserand) des travaux de résorption de l’habitat insalubre. Délaissé depuis des années, manifestement pour le laisser pourrir et le démolir in fine, ce terrain a subi les outrages du temps. Peu à peu, les locataires en sont partis, le Franprix entreposant des marchandises, et la SCI étayant l’immeuble sur recommandation de la Préfecture.
La décision de la ville d’exproprier rejoint les préoccupations que j’avais fait inscrire dans le PLU en 2005 : préservation du gabarit et de la hauteur du bâti, protection de la cour. C’était donc une bonne nouvelle que la mairie décide de passer à la vitesse supérieure.

Une bien mauvaise nouvelle
Patatras ! Nous apprenons le lendemain par Georges Viaud, le président de la société d’histoire et d’archéologie du 14e que l’avocat du propriétaire a convoqué les copropriétés riveraines au tribunal d’instance, afin qu’un expert soit désigné pour effectuer un référé préventif, préalable à la démolition complète… La Préfecture de Police, à la suite des errements sans fin du propriétaire, a fini par décider d’engager une procédure de péril et de démolition.

La visite de cette après-midi
Cette après-midi a eu lieu la réunion contradictoire sur place. Au passage, une fois franchi le seuil du portail, on passe devant un énorme rat mort. Sont présents un groupe important de riverains, l’avocate du propriétaire, son architecte (car bien sûr, il a un projet immobilier en tête) et le gestionnaire immobilier. Georges Viaud est là. Jean-Paul Millet nous rejoint bientôt.
L’architecte de sécurité de la Préfecture, bien consciente de la difficulté et des enjeux, avance prudemment. Elle explique la situation, et indique que la démolition n’est pas inéluctable, mais qu’il faut maintenant que les parties avancent vers une solution, sinon le risque que le bâtiment s’écroule est avéré. Nous demandons avec Jean-Paul Millet qu’on surseoit à cette décision, en attendant que la négociation (ou la DUP) débouche. Il ne faut pas hypothéquer une éventuelle réhabilitation ! Les représentants du propriétaire cherchent à opposer la Ville et la Préfecture, et à obtenir que la décision de démolition soit prise.
Tout reste à faire, et les riverains comptent bien se mobiliser. Je serai à leur côté pour tenter de faire vivre ce petit bout de faubourg du 14e.

17 mars 2009

103-105, rue Losserand : Pareil mais (un peu) mieux !

La réunion tenue hier soir en mairie du 14e a laissé entrevoir des améliorations dans le projet d’une trentaine de logements sociaux de la SIEMP (cf. billet du 09/03/2009). Pourtant, si les habitants du 103, rue Losserand ont réussi à obtenir le maintien de la séparation entre les deux parcelles – et donc le respect du patrimoine si particulier que représente cet ensemble faubourien – et si ceux du 107, rue Losserand gagnent également un vis-à-vis plus supportable, bien des questions se posent encore sur la capacité de ce projet à s’intégrer correctement dans la parcelle.

Une forte mobilisation
Signalons en premier lieu l’importante mobilisation des riverains, venus des rues Boyer-Barret, Losserand et Gergovie, ainsi que celle du conseil de quartier, malgré la faible information faite par la mairie. Nous avons du pain sur la planche pour améliorer notre communication vers l’extérieur lorsqu’une telle réunion publique a lieu.
Le projet a donc été revu pour prévenir les risques contentieux des habitants présents, pas de ceux qui, un jour prochain, auront le plaisir, j’en suis certain, de venir habiter là. En effet, le point crucial, sur ce site étroit et tout en longueur, c’est de concilier un programme neuf de logements avec l’accès à la salle du Moulin Vert (ou salle Marius Magnin), localisée tout au fond. Jusqu’à présent, la SIEMP prévoyait de passer par le 105. Trop compliqué, trop de gens gênés, donc on passerait désormais par le 49, rue de Gergovie, qui a été racheté et ajouté dans le programme.

Le problème reste entier...
Seulement voilà, cela implique de faire se côtoyer trois petits immeubles avec des logements en rez-de-chaussée et un passage public de 2,5m à 4m de large, susceptible d’accueillir autour de 150 personnes. Autrement dit, un conflit d’usage majeur en perspective ! Il faut absolument retravailler ce projet, et examiner toutes les solutions. Pourquoi ne pas remplacer les 6 logements répartis sur les 3 petits immeubles par des locaux d’artisanat, comme cela se faisait autrefois à Paris ? Cela permettrait de ne gêner personne… Ou pourquoi ne pas examiner un solution d’accès à la salle par le rachat d’un local à rez-de-chaussée au 59 ou au 61, rue de Gergovie ? Là aussi, cela simplifierait le cheminement vers la salle, et cela autoriserait le maintien du programme de logements.
Bref, des solutions existent, il faut que chacun en convienne et fasse un effort pour faire accepter ce projet.
Pascal Cherki, le nouveau maire, a proposé une visite sur place le samedi 28 mars à 10h pour permettre à chacun de bien prendre la mesure du site. Venez nombreux, et parlons-en !

12 mars 2009

Les carrières en expo

Vernissage hier soir de l'exposition le Paris souterrain à la mairie du 14e. L'occasion pour beaucoup de découvrir les merveilles du sous-sol de la capitale, magnifiquement mis en lumière et photographié par des passionnés des salles et galeries qui jalonnent notre arrondissement.
L'expo fait forte impression, car les cadrages et les lumières sont vraiment réussis, donnant à voir des lieux mystérieux, souvent énigmatiques. Une vision à la fois analytique et artistique, accompagnée de légendes qui nous font mieux comprendre la formation des carrières (un peu de géologie !), le fonctionnement de leur exploitation (un peu d'histoire !) et les institutions qui s'y intéressent.
On peut retrouver ces photos sur http://ruedeslumieres.morkitu.org/ mais allez quand même faire un tour à la mairie. L'expo dure jusqu'au 15 mars.

9 mars 2009

Concertation tronquée au 103 Losserand ?

Lundi 16 mars à 19h a lieu à la mairie du 14e une réunion publique sur le projet de construction par la SIEMP d'un programme de logements sociaux au 103-105, rue Raymond Losserand.

Petit retour en arrière : Un témoin du Paris des faubourgs
Le 105, rue Losserand est cette parcelle toute en longueur, qui débouche sur la salle du Moulin Vert, jolie salle de spectacle utilisée tour à tour par une église évangélique, l’association de quartier du Moulin Vert et le Conseil de quartier de Pernety. Juste à côté, le 103, rue Losserand est un rescapé ! Alors que les années 70 et 80 ont vu la destruction de plus de 80% de l’arrondissement, et que les grandes ZAC ont succédé au projet d’autoroute jusqu’au cœur de Paris (la fameuse radiale Vercingétorix), le 103, Losserand est un petit joyau, avec sa cour pavée, son ancien relai de poste, son puits encore intact. Parce qu’abandonné pendant des années par les pouvoirs publics, une gestion quasi-autonome s’y est développée, les locataires retapant les logements, entretenant la cour, participant à la vie du quartier. La SIEMP, SEM de logement social de la Ville de Paris, récupère la gestion de l’immeuble en 1980.

Un projet mal conçu
En 2006, l’idée de réaliser à cet endroit une opération de logements émerge. Un concours est lancé par la SIEMP pour la création d’une vingtaine de logements sociaux. Les locataires du 103, associés au jury sur demande de la mairie, mettent rapidement en avant les difficultés qui pourraient naître d’un projet tenant mal compte des particularités du site.
En effet, l’accès à la salle du Moulin Vert, propriété de la SADIF, qui gère l’immeuble du 90, rue du Moulin Vert, est fait depuis plusieurs années par le 105, Losserand, parce que les locataires de la rue du Moulin Vert ne supportaient plus les nuisances occasionnées. Comment éviter de les reporter sur les futurs locataires de l’ensemble 103-105 ?
Par ailleurs, il est essentiel de respecter la qualité des lieux existants : les cours successives et les bâtiments faubouriens du 103 constituent un patrimoine architectural et urbain.
Enfin, l’étroitesse de la parcelle du 105 pose un autre problème, celui de la profondeur des bâtiments, qui pourraient porter atteinte à l’immeuble voisin du 107, rue Losserand.
Lors du jury du concours, le représentant des locataires refuse de prendre part au vote, tandis que la mairie du 14e est mise en minorité et se voit imposer un projet qui fait abstraction de ces problèmes.

Une concertation tronquée ?
Depuis, la SIEMP avance à marche forcée, et la concertation est tronquée.
Pour déboucher sur le programme qui lui a été confiée, la SIEMP refuse toute modification du projet, et nie les évidences. Elle conteste l’accès à la salle du Moulin Vert par le 105, et prépare de ce fait sa fermeture, pure et simple… La mairie semble prise entre deux feux : le désintérêt de la SIEMP pour la salle du Moulin d'un côté, la forte implication des riverains de l'autre, qui souhaitent que le projet soit plus soucieux de leur qualité de vie.
Lundi soir, j'espère qu'un projet plus respectueux du quartier sera présenté, intégrant une rénovation de la salle du Moulin, et préservant la qualité résidentielle du site.
Affaire à suivre...

Hommage à Pierre Castagnou

Pierre Castagnou est décédé mardi 24 février. A l'occasion du conseil d'arrondissement exceptionnel de samedi dernier, j'ai prononcé au nom du groupe Vert l'hommage suivant :
"Pierre Castagnou était élu du 14e depuis 1983. Autant dire que pour beaucoup de ses habitants, il a représenté une constante dans le paysage politique de notre arrondissement. Je parlais avant-hier avec une jeune femme, qui y est née et qui y a grandi, qui me faisait part de sa surprise et de sa tristesse à la suite de son décès. Elle m’expliquait comment elle ressentait un sentiment curieux, devant la disparition de cette figure qu’elle avait toujours connu. Et qu’elle ne connaissait que lui comme personnalité politique local. Pierre était une figure, vous me permettrez l’expression, tutélaire de la vie politique du 14e, et avec sa disparition, c’est évidemment une page qui se tourne et un moment fort de son histoire récente qu’il faut rappeler.
Celle d’une lutte pour faire basculer à gauche l’arrondissement et pour l’ancrer, je l’espère de manière durable, de ce côté-ci de l’échiquier politique.
Pierre a été l’artisan principal de la victoire de 2001, victoire méritée, fondée sur un ancrage très fort, une pratique de terrain, qui faisait honneur à l’élu local qu’il était. Ce sont les termes qui sont revenus fréquemment ces derniers jours, à travers les hommages qui lui ont été adressés : sa proximité à l’égard de ses concitoyens, sa présence régulière dans les rues de notre arrondissement, son souci d’écouter les problèmes qui lui soumettaient ses administrés. Le succès de sa réélection il y a tout juste un an, acquise sur un résultat sans précédent, s’explique pour beaucoup par ces qualités.
Pour ma part, et au nom des élus verts, je voudrais également insister sur deux autres éléments de sa personnalité et de son bilan.
Le premier, je le souligne en tant que représentant d’un groupe minoritaire dans la majorité, c’est son souci du dialogue et de l’équilibre au sein de cette majorité, marqué par une volonté souvent réitéré de mettre en avant le collectif. Pierre disait souvent que le maire ne peut pas tout, et il prenait toujours grand soin de s’appuyer sur son équipe, de la mettre en avant et en valeur. Son mode de management, il me semble, était assez original dans un monde politique souvent marqué par la rudesse, voire la brutalité. Sa façon de prendre son temps dans les décisions, de soupeser patiemment les avantages et les inconvénients d’un arbitrage pouvait parfois dérouter, lorsque l’on était avide d’avancer et de mettre en œuvre concrètement les projets, mais il avait l’obsession de la bonne décision, celle qui fait avancer sans perturber.
Le second point que je voudrais mettre en avant, c’est son bilan. Car on en a pas assez parlé, je crois. Je me souviens de l’enthousiasme incroyable qui a marqué les années du mandat 2001-2008, qui a vu l’arrondissement changé de manière phénoménal, que ce soit dans le domaine de la démocratie locale, où tout était à inventer, qu’en matière d’aménagement urbain, avec le tramway, le quartier vert et l’embellissement de l’espace public. Je me souviens aussi de l’originalité de la démarche qu’on avait ensemble mis en œuvre pour le lancement du GPRU, et les ateliers participatifs que nous avions mené. Les jardins partagés, la création d’un centre d’animation et d’un centre social, la rénovation des écoles… La liste est longue des projets mis en œuvre qui ont marqué son mandat.
Je me joins aujourd’hui à mes collègues pour honorer sa mémoire et espérer que nous serons dignes de son héritage."