21 avril 2009

Autolib, chronique d’un échec annoncé…


En dix jours, le projet de voitures en libre-service porté par Bertrand Delanoé a pris du plomb dans l’aile. Vendredi dernier, le préfet de région refusait de valider la création du syndicat mixte initialement chargé de la mise en place du service en Ile-de-France. «Un syndicat incontournable», note Le Parisien du 11 avril, puisque sans lui, Autolib' serait strictement limité à Paris intra-muros, et «présenterait alors beaucoup moins d'intérêt». Rappelons que, de toute façon, plusieurs communes de première couronne ont refusé de faire partie de ce syndicat, au motif qu’il leur fallait débourser 50 000€ par station et que cette somme serait peut-être plus utilement utilisée dans le développement des transports collectifs. De quoi rendre déjà peu cohérent ce réseau de voitures.

La Région au secours de l'écologie, Delanoé obstiné.

Un peu plus tard, toujours selon le Parisien, c’est le président PS de la Région, Jean-Paul Huchon, qui s’apprêterait à refuse le concours financier de l’Ile-de-France, appelé au secours pour suppléer le peu d’entrain des communes, notamment les plus pauvres, à participer à ce qui ressemble de plus en plus à un luxe de gens riches.
Il se dit dans les couloirs de l’Hôtel de Ville que le maire s’obstine malgré un projet mal ficelé, une idée politique sans réalisme, que de moins en moins de techniciens soutiennent.

Des problèmes de fond.

Pour une fois, les bruits de couloir pourraient être frappés du sceau du bon sens. Autolib se heurte en effet à de nombreux obstacles techniques, écologiques et financiers. Techniquement, par exemple, on ne sait pas recharger une batterie en 30mn. Il faut entre 4 et 5 heures, ce qui pose un sérieux problème pour que la flotte soit suffisante pour permettre de répondre à la demande.
Ecologiquement, les études montrent que le report de personnes disposant d’un véhicule vers Autolib sera relativement limité. En revanche, cela crée une offre supplémentaire, concurrente du transport en commun sur des distances moyennes. Donc un risque certain de renforcer la saturation du trafic, et les émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, quand on regarde comment fonctionne Vélib, on s’aperçoit d’un dysfonctionnement fréquent : des bornes entièrement vides dans les lieux de résidence, des bornes entièrement pleines sur les lieux de travail, avec en plus le réapprovisionnement qui entraîne la circulation de vélos sur des camions. Imaginons la même chose avec des voitures, mêmes petites ! Des semi-remorques pour déplacer des voitures vides (et déchargées) dans Paris ?

Le retour à la raison ?

Enfin, si l’on ajoute à cela le coût du système, tout plaide ou presque pour l’abandonner, raisonnablement. A la place, pourquoi ne pas aider le vrai auto-partage (des sociétés coopératives qui achètent des véhicules partagées par leurs adhérents) ? Et participer un peu plus activement au développement des transports collectifs en première couronne ? Et continuer d’encourager par des aménagements satisfaisants la pratique du vélo ?
Bref, faire du déplacement durable.
Voir le débat sur le site du Monde
Voir le dossier de presse d'Autolib sur le site de la ville de Paris

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