Je reviens de Chine, où j’ai passé trois semaines. L’objectif de ce blog n’est pas de vous raconter mes vacances, mais il est difficile de passer sous silence les impressions perçues après ce voyage dans « l’usine du monde ». Je vous épargne donc mes remarques sur la nourriture et la muraille de Chine, pour évoquer ce qu’on peut comprendre, en tant que visiteur éphémère non sinophone, du développement et du mode de vie chinois.
Première constatation en arrivant à Pékin, dans un aéroport ultra-moderne puis en s’enfilant l’autoroute jusqu’au centre-ville, en croisant les 5 boulevards périphériques successifs, c’est le rattrapage technologique effectué et l’uniformisation du paysage. Pas de choc culturel, on est dans la métropole planétaire standard, avec son affichage publicitaire proliférant, ses embouteillages de grosses voitures climatisées, ses tours démonstratives de la puissance émergente.
Sur ce sujet, justement, le débat parisien gagnerait à s’enrichir vraiment d’expériences étrangères. D’aller y voir, plutôt que d’évoquer avec envie ou aigreur des images toutes faites de mégalopoles censées nous concurrencer.
A Pékin, Xi’an ou Shanghai, les grandes villes que j’ai vues, la tour est devenue l’habitat standard. Dans ce cas, on peut vraiment parler de fortes densités, car les prospects imposés en France pour ce type de construction n’existent pas là-bas. D’où des îlots de tours très serrées, avec peu d’espaces extérieurs. Dans ce contexte de densité, longtemps dominé par les transports publics ou la bicyclette, l’explosion de la voiture particulière est particulièrement notable. Comme quoi, tour n’est pas du tout synonyme de ville durable. Sans parler de l’efficacité énergétique des tours chinoises, elles n’empêchent en rien l’évolution vers une mobilité égoïste, qui débouche sur des élargissements de voies (les 2X4 voies sont la norme) et la séparation progressive des circulations (le retour des grandes passerelles enjambant les autoroutes urbaines, que nous cherchons à bannir en France). Elle ne signifie pas non plus libération d’espace. A Shanghai, peu ou pas d’espaces verts. A Pékin, ceux qui existent sont des parcs plusieurs fois centenaires.
La tour chinoise répond donc à une problématique inconnue ici, l’explosion urbaine et l’exode rural. Elle n’est que marginalement étalage de prestige et de modernité. Dans ce dernier cas, en revanche, il faut lui reconnaître d’avoir intégré la mixité fonctionnelle : centre commercial sur les 6 ou 7 premiers niveaux, hôtels et bureaux au-dessus, parfois connectés directement à une station de métro, permettent effectivement de créer une intensité forte, tout entière dédiée à la consommation, au luxe et à la finance. Le rêve, quoi !
De fait, le riche chinois d’aujourd’hui n’aspire qu’à une chose, la « low density community », vantée par les promoteurs immobiliers, pour créer des quartiers sécurisés de maisons individuelles, avec une homogénéisation sociale similaire aux « gated communities » américaines. C’est d’ailleurs un autre effet de la mondialisation capitaliste, l’accroissement des inégalités spatiales et territoriales, avec l’émergence manifeste de ghettos sociaux, par le haut.
L’expérience de la tour chinoise est donc difficilement transposable à Paris, encore plus en France : elle rappelle le grand ensemble des années 1960, en plus moderne et mieux équipée, mais en plus dense aussi. A défaut, elle représente comme à Dubaï une course effrénée, et complètement vaine (vaniteuse ?) à la hauteur, symbole d’un capitalisme financier triomphant, qui semble dater d’une autre époque, celle d’avant la crise…
Première constatation en arrivant à Pékin, dans un aéroport ultra-moderne puis en s’enfilant l’autoroute jusqu’au centre-ville, en croisant les 5 boulevards périphériques successifs, c’est le rattrapage technologique effectué et l’uniformisation du paysage. Pas de choc culturel, on est dans la métropole planétaire standard, avec son affichage publicitaire proliférant, ses embouteillages de grosses voitures climatisées, ses tours démonstratives de la puissance émergente.
Sur ce sujet, justement, le débat parisien gagnerait à s’enrichir vraiment d’expériences étrangères. D’aller y voir, plutôt que d’évoquer avec envie ou aigreur des images toutes faites de mégalopoles censées nous concurrencer.
A Pékin, Xi’an ou Shanghai, les grandes villes que j’ai vues, la tour est devenue l’habitat standard. Dans ce cas, on peut vraiment parler de fortes densités, car les prospects imposés en France pour ce type de construction n’existent pas là-bas. D’où des îlots de tours très serrées, avec peu d’espaces extérieurs. Dans ce contexte de densité, longtemps dominé par les transports publics ou la bicyclette, l’explosion de la voiture particulière est particulièrement notable. Comme quoi, tour n’est pas du tout synonyme de ville durable. Sans parler de l’efficacité énergétique des tours chinoises, elles n’empêchent en rien l’évolution vers une mobilité égoïste, qui débouche sur des élargissements de voies (les 2X4 voies sont la norme) et la séparation progressive des circulations (le retour des grandes passerelles enjambant les autoroutes urbaines, que nous cherchons à bannir en France). Elle ne signifie pas non plus libération d’espace. A Shanghai, peu ou pas d’espaces verts. A Pékin, ceux qui existent sont des parcs plusieurs fois centenaires.
La tour chinoise répond donc à une problématique inconnue ici, l’explosion urbaine et l’exode rural. Elle n’est que marginalement étalage de prestige et de modernité. Dans ce dernier cas, en revanche, il faut lui reconnaître d’avoir intégré la mixité fonctionnelle : centre commercial sur les 6 ou 7 premiers niveaux, hôtels et bureaux au-dessus, parfois connectés directement à une station de métro, permettent effectivement de créer une intensité forte, tout entière dédiée à la consommation, au luxe et à la finance. Le rêve, quoi !
De fait, le riche chinois d’aujourd’hui n’aspire qu’à une chose, la « low density community », vantée par les promoteurs immobiliers, pour créer des quartiers sécurisés de maisons individuelles, avec une homogénéisation sociale similaire aux « gated communities » américaines. C’est d’ailleurs un autre effet de la mondialisation capitaliste, l’accroissement des inégalités spatiales et territoriales, avec l’émergence manifeste de ghettos sociaux, par le haut.
L’expérience de la tour chinoise est donc difficilement transposable à Paris, encore plus en France : elle rappelle le grand ensemble des années 1960, en plus moderne et mieux équipée, mais en plus dense aussi. A défaut, elle représente comme à Dubaï une course effrénée, et complètement vaine (vaniteuse ?) à la hauteur, symbole d’un capitalisme financier triomphant, qui semble dater d’une autre époque, celle d’avant la crise…
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