11 novembre 2009

Oui à l'autopartage, non à autolib'


Le 9 novembre, la Mairie du 14e a présenté les implantations des stations Autolib. Retour sur les questions que pose ce projet...


Pourquoi les Verts sont-ils opposés au projet Autolib ?

Autolib n'est une réponse ni originale, ni adéquate au problème actuel des transports à Paris. Là où il faudrait redonner une partie des espaces de voirie aux cyclistes, aux piétons, aux transports en commun ou pour le stationnement, Autolib réduit de façon importante cet espace pour installer ses stations.

Autolib, c'est rajouter du trafic au trafic. Toutes les études le montrent : ce sont les personnes qui ne possèdent pas de voitures qui utiliseront Autolib, ce qui entrainera une plus grande saturation du trafic et des émissions supplémentaires de gaz à effet de serre.

Et puis, l’expérience de Vélib permet d’anticiper certains dysfonctionnements. Tous les jours, des bornes vides de vélos sont réapprovisionnées par des camions. Imaginons la même chose avec des voitures : est-on prêts à accepter la pollution de semi-remorques pour déplacer des voitures vides dans Paris ? Enfin, ce système coûte extrêmement cher pour un apport en qualité de vie dont on peut douter. Autolib est le contraire d’une politique de développement durable de la ville !

Pourtant des voitures électriques, c’est écologique ?
En ce qui concerne le véhicule électrique, nous ne savons toujours pas traiter les batteries usagées. De plus, la généralisation de la voiture électrique individuelle en France nécessiterait 30 nouveaux réacteurs nucléaires. C’est plus un cadeau fait aux industriels qu’une réelle avancée
environnementale…
Que proposent les Verts ?
Autolib va couter à l’usager à peu près autant qu’une course en un taxi intra-muros ! Nous pensons qu’il est plus logique d’améliorer et de rendre plus propre la flotte des taxis parisiens insuffisante par rapport à la demande. Avec le budget d’Autolib, nous préférerions développer les transports en commun et les espaces réservés aux piétons et aux cyclistes.
Enfin, nous proposons d’encourager le vrai auto-partage, comme cela existe déjà dans notre arrondissement avec Caisse Commune et Okigo. Ces sociétés louent des véhicules partagées à leurs adhérents le temps d’un trajet.

21 octobre 2009

Quel avenir pour Broussais ?


Rappel d’une petite histoire déjà longue

Alors que la mairie de Paris a engagé, en partenariat avec l’AP-HP, une nouvelle étude sur l’aménagement du site de Broussais et une série de réunions publiques et d’ateliers, il est utile de revenir sur la déjà longue histoire des projets envisagés à la suite de la fermeture partielle de l’hôpital en 2000, et d’indiquer les propositions des Verts.

En 2001, l’AP-HP a déjà relocalisé une partie des services présents à Broussais, et a commencé à vendre par morceaux le site. Alors que les sites de Boucicaut et Laënnec font l’objet d’une cession globale à un opérateur, Broussais est victime d’une stratégie différente de l’AP-HP : vente progressive par appartements et utilisation provisoire des locaux disponibles, pour les besoins d’autres hôpitaux parisiens en travaux ou pour des associations intervenant dans le domaine de la santé.

Dès fin 2001, les Verts demandent la réalisation d’une étude d’ensemble, visant à définir les orientations d’aménagement de Broussais, et à répondre aux attentes en matière des riverains et associations, réunis pour une partie d’entre eux dans le Collectif Redessinons Broussais.
Il a malheureusement été décidé d’engager des négociations avec l’AP-HP, sans vision globale, sur le devenir des bâtiments et de travailler au désenclavement du site, par la création d’un réseau de voies publiques. Les atermoiements de l’AP-HP à l’époque ont conduit à des négociations sans fin, dont les conclusions étaient remises en causes d’une fois sur l’autre.

L’installation de la Croix-Rouge en 2004 a contribué à redynamiser le quartier, dans le cadre d’un projet architectural de très grande qualité.

Mais, alors que les idées foisonnaient autour de l’étude sur l’aménagement des voiries d’un côté et de l’autre d’un collectif d’artistes qui s’était monté pour proposer une réutilisation éphémère de la Chaufferie afin de préfigurer un futur espace culturel, les blocages étaient nombreux : mauvaise volonté de l’AP-HP de céder ces terrains à la Ville pour la réalisation d’équipements publics, faible implication de la mairie du 14e pour promouvoir auprès de la mairie de Paris un projet novateur et ambitieux pour la Chaufferie, difficultés sur les modalités du maintien dans les lieux du centre social Didot-Broussais.

NB Le site redessinons-broussais.fr est une source intéressante pour qui veut se plonger dans le dossier. C’est un modèle que la ville de Paris pourrait adopter sur un projet d’aménagement, pour mettre à disposition tous les éléments de réflexion et de débat…


Quelques grands principes d’aménagement

Au gré de cette lente maturation, certains éléments se dessinent quand même sur l’évolution du site. Sont alors fixés quelques grands principes d’aménagement :
- Maintien d’une vocation sociale et sanitaire sur le site
- Préservation maximale du bâti existant et du plan originel du site, dans une logique patrimoniale et de développement durable (moins de démolition, c’est moins de déchets et de béton)
- Aménagement d’une promenade paysagère et artistique, au-dessus de la petite ceinture entre la rue Didot et le jardin des Arbustes
- création d’un espace culturel innovant, ouvert sur le quartier, dans l’ancienne chaufferie ;
- réinstallation sur place du centre social Didot-Broussais.

En 2006-2007, à partir de ces grand principes, un projet de restructuration ces voies et d’incorporation dans le domaine public municipal est élaboré et fait l’objet d’une enquête publique. Le schéma retenu, à la suite de cette consultation publique, est celui d’un désenclavement partiel, privilégiant les modes doux (marche, vélo) et limitant l’accès aux véhicules pour la desserte interne du site, qui ne comporte pas de places de parking en sous-sol. Mais à l’issue de l’enquête publique, le commissaire enquêteur émet un avis défavorable, ce qui remet en cause la démarche.

Fin 2007, début 2008, la Ville et l’AP-HP lance une étude urbaine d’ensemble, visant à relancer une réflexion globale sur le site. Conduite de manière classique, et technique, sans consultation des habitants, elle vise à essayer de mettre d’accord ces deux institutions sur le devenir de ce qui reste à aménager et à céder.


Le projet en 2009

Au terme de cette étude menée par le cabinet AM Environnement, la mairie a souhaité engager une démarche de concertation, qui repose sur une réunion publique, suivie d’une série de 3 ateliers thématiques, puis de deux réunions de restitution, en parallèle d’un questionnaire basé sur des scénarios d’aménagement.

La longue maturation du projet a permis de fixer, avec le temps, quelques fondamentaux, qui ont été portés par les associations et les riverains : espace culturel à la chaufferie, promenade sur la petite ceinture, par exemple. Le collectif Redessinons Broussais a porté depuis plusieurs années, sans beaucoup de moyens, une démarche de participation citoyenne que la Ville aurait dû mener elle-même. Ils ont largement contribué à ces fondamentaux devenus consensuels. Ils ont porté, dans un sens, le débat public. Mais ce n’était pas leur rôle exclusif, ou plutôt, la mairie aurait dû s’y impliquer bien davantage.

A ce stade, Les Verts 14e s’inquiètent pour plusieurs raisons de la suite donnée au projet :
· Sur le déroulement de la concertation, menée en urgence et selon des modalités insuffisantes. Les scénarios élaborés par AM Environnement sont clairement orientés. Il n’y a pas vraiment d’alternative sur le devenir du site. Il s’agit plutôt de faire valider ou évoluer à la marge par la population des projets déjà mis au point, plus que d’une véritable réflexion partagée. La rapidité avec laquelle le processus est mené n’est pas une garantie d’écoute et d’interaction.
· Sur l’absence d’une démarche d’éco-quartier que nous avions porté pendant les élections municipales. C’est la seule garantie d’une approche conciliant enjeux environnementaux, sociaux et urbains. Quid de la production d’énergie renouvelable ? Quel bilan énergétique global ? Quid de la biodiversité ? (Qui sait par exemple que la destruction de la dalle de Broussais pourrait condamner la dernière grande colonie de chauve-souris au sud de Paris ?)
· Un scénario d’ouverture à la circulation du site est privilégiée par la mairie, notamment la liaison entre rue Didot et rue Losserand, alors que sous le mandat précédent, on avait obtenu, en partie à la demande des riverains, un schéma de circulation en « marguerite » qui ne laissait pas passer de transit possible sur le site. Ce principe doit être rappelé et cet engagement tenu.
· Sur le principe de dépassement du plafond des hauteurs (de 36m à 50m). Les Verts ont exprimé leur désaccord sur la réalisation de tours à Paris. Ce quartier est déjà dense. Or, il semblerait que la mairie souhaite la réalisation d’immeubles de grande hauteur, et envisage de dépasser le plafond de hauteur (12 étages actuellement, 18 demain ?).

13 septembre 2009

Tour de Chine


Je reviens de Chine, où j’ai passé trois semaines. L’objectif de ce blog n’est pas de vous raconter mes vacances, mais il est difficile de passer sous silence les impressions perçues après ce voyage dans « l’usine du monde ». Je vous épargne donc mes remarques sur la nourriture et la muraille de Chine, pour évoquer ce qu’on peut comprendre, en tant que visiteur éphémère non sinophone, du développement et du mode de vie chinois.

Première constatation en arrivant à Pékin, dans un aéroport ultra-moderne puis en s’enfilant l’autoroute jusqu’au centre-ville, en croisant les 5 boulevards périphériques successifs, c’est le rattrapage technologique effectué et l’uniformisation du paysage. Pas de choc culturel, on est dans la métropole planétaire standard, avec son affichage publicitaire proliférant, ses embouteillages de grosses voitures climatisées, ses tours démonstratives de la puissance émergente.

Sur ce sujet, justement, le débat parisien gagnerait à s’enrichir vraiment d’expériences étrangères. D’aller y voir, plutôt que d’évoquer avec envie ou aigreur des images toutes faites de mégalopoles censées nous concurrencer.

A Pékin, Xi’an ou Shanghai, les grandes villes que j’ai vues, la tour est devenue l’habitat standard. Dans ce cas, on peut vraiment parler de fortes densités, car les prospects imposés en France pour ce type de construction n’existent pas là-bas. D’où des îlots de tours très serrées, avec peu d’espaces extérieurs. Dans ce contexte de densité, longtemps dominé par les transports publics ou la bicyclette, l’explosion de la voiture particulière est particulièrement notable. Comme quoi, tour n’est pas du tout synonyme de ville durable. Sans parler de l’efficacité énergétique des tours chinoises, elles n’empêchent en rien l’évolution vers une mobilité égoïste, qui débouche sur des élargissements de voies (les 2X4 voies sont la norme) et la séparation progressive des circulations (le retour des grandes passerelles enjambant les autoroutes urbaines, que nous cherchons à bannir en France). Elle ne signifie pas non plus libération d’espace. A Shanghai, peu ou pas d’espaces verts. A Pékin, ceux qui existent sont des parcs plusieurs fois centenaires.

La tour chinoise répond donc à une problématique inconnue ici, l’explosion urbaine et l’exode rural. Elle n’est que marginalement étalage de prestige et de modernité. Dans ce dernier cas, en revanche, il faut lui reconnaître d’avoir intégré la mixité fonctionnelle : centre commercial sur les 6 ou 7 premiers niveaux, hôtels et bureaux au-dessus, parfois connectés directement à une station de métro, permettent effectivement de créer une intensité forte, tout entière dédiée à la consommation, au luxe et à la finance. Le rêve, quoi !

De fait, le riche chinois d’aujourd’hui n’aspire qu’à une chose, la « low density community », vantée par les promoteurs immobiliers, pour créer des quartiers sécurisés de maisons individuelles, avec une homogénéisation sociale similaire aux « gated communities » américaines. C’est d’ailleurs un autre effet de la mondialisation capitaliste, l’accroissement des inégalités spatiales et territoriales, avec l’émergence manifeste de ghettos sociaux, par le haut.

L’expérience de la tour chinoise est donc difficilement transposable à Paris, encore plus en France : elle rappelle le grand ensemble des années 1960, en plus moderne et mieux équipée, mais en plus dense aussi. A défaut, elle représente comme à Dubaï une course effrénée, et complètement vaine (vaniteuse ?) à la hauteur, symbole d’un capitalisme financier triomphant, qui semble dater d’une autre époque, celle d’avant la crise…

7 septembre 2009

Avant-projet de loi sur le Grand Paris : un petit goût du Second Empire


L’année 2010 va voir le 150ème anniversaire de l’annexion des arrondissements périphériques parisiens, rattachés à la capitale par un décret impérial de 1860. Est-ce un avant goût des festivités qui pourraient être envisagées pour l’année prochaine, qui a incité le petit Nicolas à se mettre dans les pas de Napoléon le Petit ? En tout cas, l’avant-projet de loi sur le Grand Paris (l’APLGP) diffusé cet été tient manifestement à s’inspirer de pratiques d’un autre temps pour dessiner le visage de la métropole de demain. On a parlé de l’Après-Kyoto, on a plutôt l’impression de remonter le temps !



Que propose ce projet de loi, en effet, sinon :



  • de museler l’opinion en empêchant le débat public,

  • de reconcentrer la politique d’urbanisme et d’aménagement aux mains de l’Etat, faisant fi du commencement d’organisation métropolitain,

  • de créer une nouvelle structure d’aménagement, alors que l’Ile-de-France étouffe déjà sous le trop plein de SEM, EPA et autres EPF capables de mener à bien le projet urbain à concevoir.

En 2002 avait été créée la Commission Nationale du Débat Public, instance indépendante chargée d’organiser la consultation du public sur les grands projets d’aménagement et d’infrastructure. Les modalités de ce débat, dans bien des cas, sont déjà peu contraignantes pour les maîtres d’ouvrage, les projets déjà bien avancés étant soumis au débat avec peu de marge de manœuvre pour les faire évoluer, sauf mobilisation très forte. Mais l’APLGP propose ni plus ni moins de décharger la CNDP du débat sur les projets d’infrastructures du Grand Paris, en confiant à la société d’aménagement créée à cette occasion le soin de l’organiser elle-même. La CNDP pourra désigner un observateur !...pour un débat prévu pour durer 4 mois (encore « ! »).


La Société du Grand Paris, justement. Voilà qui sonne vraiment Haussmannien. Cet établissement public supplémentaire (alors qu’existent déjà en Ile-de-France plusieurs structures du même type (AFTRP, EPA Plaine-de-France…), des établissements public fonciers, des société d’économie mixte départementales, communales, régionales…) bénéficiera de pouvoirs assez exorbitants : organisation du débat public, on l’a dit ; dérogation aux règles de la mise en concurrence imposées par l’Union Européenne pour la réalisation d’opérations d’aménagement ; propriétaire et exploitant de galeries commerciales et de bureaux dans les gares à construire ; dérogation à la loi sur les contrats de maîtrise d’œuvre ; fournisseur du matériel roulant livré à l’entreprise qui exploitera la ligné de métro automatique… Bref, un Etat dans l’Etat, capable d’exproprier, de valoriser les terrains, de louer des immeubles, de définir ses propres priorités, etc.


Last but not least, l’Etat pourra également mettre au point des « projets territoriaux stratégiques », sur lesquels les collectivités locales émettront un simple avis avant arrêté du conseil d’Etat, susceptibles de se substituer aux schémas de cohérence territoriale et aux plans locaux d’urbanisme. On ne sait pas si c’est la Société du Grand Paris qui les réalisera, les services déconcentrés de l’Etat n’ayant presque plus de compétences dans le domaine de l’urbanisme. Mais à l’évidence, la volonté de mettre en coupe réglée les élus locaux est manifeste.

1 juillet 2009

Le conseil du 14e se prononce pour un moratoire sur les antennes relais !


La mairie du XIVème a adopté lundi soir à l'unanimité un voeu instaurant un moratoire sur toute nouvelle installation d'antennes relais dans l'arrondissement d'ici à la renégociation de la charte sur la téléphonie mobile entre la Ville et les opérateurs qui se termine fin 2009.
Dans un communiqué mardi, René Dutrey, à l'origine de la proposition, souligne que "ce moratoire prendra fin uniquement si la révision de la Charte de Paris intègre un seuil d'exposition du public aux champs électromagnétiques à 0,6 volts par mètre", seuil de précaution recommandé par un grand nombre d'experts.


Le conseil d'arrondissement souhaite également que le maire de Paris retienne le XIVème arrondissement pour expérimenter un seuil maximum d'exposition à 0,6 volts par mètre.

Le voeu a reçu le soutien du maire PS du XIVème Pascal Cherki. M. Dutrey affirme que "c'est une première en France en matière de téléphonie mobile" et que les Verts "se félicitent d'être rejoints sur la nécessité d'appliquer le principe de précaution en matière de téléphonie mobile".

La "conférence parisienne ondes, santé, société" a récemment recommandé la prudence sur les antennes relais et le wifi, préconisant notamment l'abaissement du seuil d'exposition aux ondes électromagnétiques à 0,6 volt/mètre, alors que le seuil actuel à Paris est fixé à 2 volts/mètre.

16 juin 2009

La politique autrement : du système propriétaire au logiciel libre


La tribune de Dany Cohn-Bendit dans le Monde daté du 16 juin reflète exactement ce que je pense du bilan de cette élection et des perspectives qu’elle ouvre à l’écologie politique. Pourquoi se lancer dans un commentaire, alors ? vous direz vous… Pour tenter de mettre mes mots derrière cette réflexion, et d’y ajouter la vision du militant et de l’élu local que je suis, simplement et modestement.

Que dit Dany ? Que l’attitude traditionnelle des partis politiques est de considérer les voix et les électeurs comme leur appartenant, et que cette conception, dépassée, traduit une vision du rôle du parti politique dans la société qui n’est plus tenable. Les manœuvres d’appareil, sur la base de calculs d’apothicaires, tout comme la fabrication d’une pensée descendante, transmise par des cadres éclairés à leurs militants, chargés de diffuser la bonne parole dans l’électorat, ne sont plus de mise.

Une organisation pour une vision différente

L’écologie politique, telle qu’elle est en train de s’organiser avec Europe Ecologie, participe d’une logique totalement contraire, qui est d’ailleurs subtilement en phase avec la vision qu’ont les écologistes de la société. Europe Ecologie, c’est d’abord un réseau, certes appuyé sur les Verts, mais dans lequel ces derniers ont accepté de partager complètement les processus de décision et d’action. C’est un rassemblement autour d’idées faisant consensus, autour d’une perception commune de l’intérêt supérieur de la planète et des humains qu’elle accueille. Cela a permis de mettre de côté le fonctionnement d’appareil des Verts, différent mais qui n’a rien à envier à celui d’autres partis politiques.

Or ce réseau permet aux citoyens de s’identifier à une façon différente de parler et de faire de la politique. Dans un sens, le Bayrou des élections présidentielles, avait déjà trouvé une autre façon de le faire, en s’appuyant sur le dépassement d’un clivage gauche-droite autoreproductif et autojustifiant, reposant souvent sur des postures de principe, ce qui explique qu’au-delà des mots, la façon de gérer de la gauche ou de la droite pouvait se ressembler. Mais là où Bayrou nous servait un discours sur la forme des institutions, censé être pragmatique, mais ne disant rien sur le fond, Europe Ecologie a réussi à mettre du contenu : changer le système de production et de consommation, mettre de l’humain et de l’écologie dans l’économie, lutter contre les multinationales et leurs impacts effrayants en terme de corruption politique, de misère sociale et de dégradation environnementales, faire de l’Europe un espace de développement durable, etc.

De la mesure en toute chose

Ne nous enflammons pas ! Le « nous sommes en marche » qui conclue la tribune de Dany est, malgré sa rhétorique un brin révolutionnaire, à prendre comme l’expression d’une volonté, pas comme le signal adressé par notre leader à ses fidèles, au commencement de la grande aventure de la révolution écologiste après celle du Christ ou de Lénine dans son train blindé… L’élection européenne est particulière, par son mode de scrutin, par l’abstention importante qui la caractérise, par la distance entre l’institution européenne et le citoyen qui lui fait penser que s’agissant d’un lieu lointain, aux pouvoirs jugés moindres, il peut « se faire plaisir ».


Evidemment, des électeurs habituels du PS ont signifié qu’ils étaient prêts à voter autrement à gauche si la social-démocratie ne se remettait pas sérieusement en cause. Bien entendu, l’impact du film de Yann Artus-Bertrand est à prendre en compte (cela dit, quoi de plus normale que la prise de conscience de la crise écologique, depuis le temps qu’on alerte à ce sujet). Et oui, M. Delanoé, Dany Cohn-Bendit a une image au moins aussi positive que la votre, et peut faire se déplacer des électeurs sur son nom, comme vous l’avez fait l’année dernière. Tout ça est vrai.

Il n’empêche, ce succès – dont l’ampleur et le relais médiatique sont impressionnants depuis quelques jours – signifie au-delà de ces contingences certes importantes qu’il est peut-être enfin possible de faire passer un message en contrepoint de la bienpensance croissanciste, et de sa vision réductrice de la solution à nos problèmes. Et que ce message suppose un canal lui-même différent.

Pour un nouvelle forme de coalition

De fait, le score d’Europe Ecologie nous conforte dans notre stratégie d’autonomie. Parce que nous avons une analyse différente, parce que nous avons des propositions originales, parce que notre fonctionnement interne, et désormais externe, est autre, nous devons offrir une alternative aux électeurs. Parfois ils nous donnent tort (aux dernières municipales à Paris), parfois raison, mais nous n’avons pas à mettre de côté nos spécificités pour gagner quelques places de plus dans les assemblées élues. Et après tout, vox populi, vox dei : il faut respecter leurs choix, sans tomber dans les travers de la démocratie d'opinion tout en entendant que notre message ne passe pas toujours comme nous pensons qu'il passe.


Cela dit, comme l’indique Dany, autonomie n’est pas isolement. Il faut donc inventer une nouvelle forme de coalition avec les partis politiques qui sont d’accord pour gouverner avec nous sur les bases de nos propositions, tout en intégrant les leurs. Il faut aussi adapter notre posture aux circonstances, et aux modes de scrutin. Ne pas faire perdre la gauche quand elle est globalement menacée. Nos nouveaux électeurs ne nous le pardonneraient sans doute pas. La voie n’est donc pas toujours très large, pour faire entendre la nécessité de l’autonomie au premier tour et l’exigence du rassemblement au second. Elle doit être d’ores et déjà expliquée pour les élections régionales, dans quelques mois. L’enjeu, c’est bien le projet d’une éco-région, qui suppose de satisfaire deux conditions nécessaires : un score écolo élevé au premier tour, et une victoire de la gauche et des écologistes au second.

8 juin 2009

L’espoir en vert !


Avec près de 29% des voix, la liste Europe Ecologie conduite par Dany Cohn-Bendit et Eva Joly est arrivée en tête dans le 14e arrondissement, devant les partis traditionnels de la gauche et de la droite. C’est d’abord - ne le cachons pas - une très bonne surprise, mais c’est surtout, évidemment, un message d’espoir et d’encouragement que nous ont adressé les 12 029 électeurs qui ont choisi nos candidats. Un message réfléchi et sérieux, celui d’une urgence. Urgence à traiter à l’échelle européenne la question vitale du changement climatique. Urgence à s’engager dans un mode de développement et de consommation différent, respectueux des hommes et de la planète qui les accueille. Urgence à faire évoluer l’Europe vers plus de démocratie et de solidarité. Urgence enfin, à répondre à une crise grave, qui exige une remise en cause du capitalisme et du productivisme, tel qu’il a modelé le monde depuis 50 ans.

Bien entendu, ce score est aussi une adresse au Parti socialiste, et aux contradictions nombreuses qui l’habitent. Cela n’est pas à nous de lui dire comment il doit évoluer. Gageons simplement que la Gauche, dans son ensemble, saura entendre l’expression d’un appel à d’autres pratiques politiques, à la fin d’un hégémonisme dépassé, à une intégration réelle des enjeux du développement durable, dans toutes ses composantes. Certes, le PS a déçu, mais je suis certain que ce vote est aussi un vote d’adhésion à une autre façon d’envisager la politique et d’agir sur le monde.

Merci à toutes celles et à tous ceux qui ont mené cette campagne de terrain, qui ont participé à nos actions et ont su impulsé une dynamique exceptionnelle. Et merci bien entendu aux électrices et électeurs qui nous ont fait confiance.

Le travail commence pour nos 14 députés européens, dont les deux têtes de liste franciliennes sont particulièrement attachés au 14e, où ils résident ou ont résidé. On compte sur eux pour venir régulièrement nous tenir informé de leur action, et faire aimer l’Europe (qui en a vraiment bien besoin, vu l’abstention).

La « vague verte » est particulièrement forte à Paris (voir les résultats). Elle signifie beaucoup pour nous, un an après avoir connu une relative déconvenue aux élections municipales, où nos listes avaient sensiblement reculé par rapport à 2001. Elle vient nous conforter dans nos analyses, et dans notre rôle d’élu de terrain, au quotidien. Elle traduit un potentiel formidable pour pousser des programmes d’action publique sérieusement écologistes, et pour faire de Paris le laboratoire d’une écocité. Elle nous confère, en tout cas, une responsabilité plus forte que jamais. Elle va, je l’espère, nous permettre de réorienter la politique municipale et y remettre l’ambition écologique qui l’animait dans le mandat précédent. Pour tout cela, merci encore.