9 décembre 2010

Patrimoine : la fondation Deutsch de la Meurthe


La Région vient de publier un « Parcours du patrimoine » sur la première résidence de la Cité universitaire de Paris.


Rencontre avec son auteur, Brigitte Blanc, chercheur au service Patrimoines et inventaire.


La Cité U : « un patrimoine monumental et naturel d’un intérêt exceptionnel »

Pourquoi la Région a-t-elle choisi d’étudier la Cité universitaire ?

Créée en 1925, la Cité internationale abrite une quarantaine d’édifices représentatifs des principaux courants architecturaux qui ont marqué le XXe siècle : le promeneur y voit défiler des bâtiments d’inspiration régionaliste (par exemple les façades flamandes de la fondation Biermans-Lapôtre, un château néo-Louis XIII imité de Fontainebleau qui abrite la Maison Internationale), des pastiches exotiques comme la maison du Japon ou la fondation Marie Nubar (synthèse de l’architecture religieuse arménienne). Il y découvre aussi quelques fleurons de l’avant-garde architecturale, dont plusieurs sont protégés au titre des monuments historiques : la Fondation suisse construite par Le Corbusier en 1932, le Collège néerlandais, seule réalisation française de l’architecte Dudok ou la Résidence Avicenne, dernier bâtiment édifié à la Cité et particulièrement innovant sur le plan constructif. Cette collection d’architectures originales est disséminée dans un parc de 34 hectares aménagé sur des plans du grand paysagiste Jean-Claude Nicolas Forestier et doté de plus de 400 essences végétales différentes. Le tout constitue un patrimoine monumental et naturel d’un intérêt exceptionnel, dont la Région et la Cité internationale souhaitent préserver et diffuser la mémoire, ce qui suppose qu’il soit dans un premier temps étudié de façon approfondie.

La Cité universitaire compte au total 36 pavillons. Chacun d'entre eux fera-t-il l'objet d'une étude ?

Pour établir l’inventaire de ce patrimoine, une convention de partenariat a été signée entre la Région et la Cité internationale ; elle prévoit la mise en commun de moyens matériels et humains et a été signée pour une durée de 5 ans. C’est un laps de temps relativement court pour l’étude d’un ensemble aussi riche et diversifié, et chaque pavillon ne pourra pas faire l’objet d’une analyse aussi fouillée que la fondation Deutsch de la Meurthe ; celle-ci s’explique notamment par l’existence, pour cette maison, d’une documentation très abondante, qui fait défaut dans d’autres cas, en particulier pour les maisons postérieures à la seconde guerre mondiale, ce qui permettra de faire l’économie d’une longue phase de recherche.

« L’archétype des futures résidences de la Cité »


Pourquoi avez-vous commencé votre étude par la fondation Deutsch de la Meurthe ? Inaugurée en 1925, la fondation Deutsch est la première résidence de la Cité. Elle en constitue en quelque sorte la « cellule-mère » et marque le point de départ de sa création. Son programme a inspiré l’aménagement de l’ensemble du site et a servi de modèle aux autres maisons. Pour se familiariser avec l’histoire de la Cité, il était donc logique de se pencher en premier lieu sur cette réalisation qui a été conçue comme l’archétype des futures résidences de la Cité.


Où et comment avez-vous mené vos recherches ?

L’étude a commencé comme toujours par de longues recherches en bibliothèque et dans les fonds d’archives : Archives de Paris et surtout Archives nationales, où la CIUP a versé en 2009 environ 370 mètres linéaires, ce qui est un volume particulièrement conséquent ! Ce fonds est constitué des dossiers de la Fondation nationale chargée de gérer la Cité, des maisons qui la composent, de son théâtre… Il permet d’illustrer chacun des volets de l’étude : projet intellectuel dans le contexte pacifiste de l’entre-deux-guerres, aménagement urbain après la démolition des fortifications, histoire du projet architectural et mobilier des différentes maisons, étudiées au cas par cas de façon plus au moins approfondie.


Quels sont les prochains pavillons que vous allez étudier ? Avez-vous d’autres projets d’édition ?

Sont d’ores et déjà étudiées, outre la fondation Deutsch, les maisons du Canada, de l’Argentine, de l’Arménie, ainsi que la Maison Internationale qui abrite les services généraux de la Cité, et le domaine lui-même du point de sa constitution et de son aménagement. L’enquête doit se poursuivre dans l’ordre chronologique des réalisations par l’étude des pavillons de la Belgique, du Japon puis de l’Asie du Sud-Est. Après la publication de ce Parcours du patrimoine, d’autres opérations de restitution sont prévues, notamment sous la forme d’un ouvrage de synthèse du type Cahiers du patrimoine, qui interviendra à la fin de l’enquête. Avec le centre de ressources patrimoniales de la Cité, qui est pour nous un interlocuteur très précieux, nous réfléchissons à un projet d’exposition permettant de mettre en valeur le fonds photographique constitué tout au long de l’enquête ; nous avons d’ailleurs déjà collaboré avec lui à la préparation des évènements de l’ «année Honnorat » destinée à mieux faire connaître la personnalité d’un des principaux fondateurs de la Cité internationale.

Parcours du Patrimoine, n°354,
2010, 48 pages, ill., 7€
Auteur : Brigitte Blanc. Photographe : Philippe Ayrault

Disponible dans toutes les librairies ou auprès de l'éditeur Somogy, 57, rue de la Roquette 75011 Paris. Tel. : 01.48.05.70.10. E-mail : info@somogy.fr

Possibilité de consulter et d'acheter les publications au centre de documentation du service Patrimoines et Inventaire au 115, rue du Bac 75007 Paris. Tél. : 01.53.85.59.93.

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